QUÆ SANCTA ECCLESIA CATHOLICA PROPONIT (ce que l’Eglise Catholique
enseigne)
Certes, les paroles du Christ nous sont transmises par ceux qui ont été des témoins, ses disciples, les Apôtres qu’il a choisis en fondant son Eglise sur l’un d’entre eux,
Simon-Pierre, Céphas.
« Je crois au Christ, mais je ne crois pas à son Eglise, » entend-on dire souvent : on conteste l’autorité et la primauté de Pierre, les Sacrements, de l’Eucharistie et de la
Confession : « Je me confesse directement à Dieu : pourquoi irais je raconter à un homme ce que j’ai fait... Peut-être fait-il la même chose... » ; certains dogmes ; la mentalité moderne refuse
la doctrine de l’Eglise sur l’indissolubilité du mariage, sur la limitation des naissances par des méthodes artificielles, sur la morale sexuelle etc. De plus en plus, chacun tend à s’ériger en
juge de ce qui est moral, à vouloir créer ses propres règles morales, ses propres « commandements », selon que cela « me plaît » : est bon ce qui plaît, est mauvais ce qui ne me plaît pas. C’est
la religion « à la carte », et la voix de l’Eglise est de moins en moins écoutée par les Catholiques, pris par une mentalité moderne, le désir de décider eux-mêmes de leur propre vie, de leurs
propres choix. Et cette mentalité ne touche pas seulement les simples fidèles... La voix du Saint-Père ressemble souvent à la « voix qui crie dans le désert », ignorée souvent et volontairement,
voire même déformée, par les moyens de communication sociale.
Et pourtant, la lecture des Evangiles ne saurait laisser planer des doutes sur la volonté de Jésus de fonder une Eglise, son Eglise, l’Eglise du Christ.
Tout au début de son ministère public, lorsqu’André conduit son frère Simon à Jésus en qui a reconnu le Messie, Jésus déclare à ce dernier :
Jean 1
40. André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et suivi Jésus.
41. Il rencontre en premier lieu son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » - ce qui veut dire Christ.
42. Il l'amena à Jésus. Jésus le regarda et dit : « Tu es Simon, le fils de Jean ; tu t'appelleras Céphas» - ce qui veut dire Pierre.
Marc 3
13. Puis il gravit la montagne et il appelle à lui ceux qu'il voulait. Ils vinrent à lui,
14. et il en institua Douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher,
15. avec pouvoir de chasser les démons.
16. Il institua donc les Douze, et il donna à Simon le nom de Pierre
Comme souvent, dans la Bible, Dieu change le nom qui indique alors une mission future : à Simon, fils de Jean, il déclare : Tu t’appelleras PIERRE, Céphas. Je dirais, première
pierre posée, qui laisse entrevoir d’autres développements, d’autres précisions. D’autant plus que, dans ce passage postérieur, il forme aussi un groupe autour de Pierre nommé en premier, chargé
d’aller enseigner. L’édifice commence à prendre forme. Et, à leur sujet, Jésus déclarera de manière grave et solennelle :
Mathieu 10
40. « Qui vous accueille m'accueille, et qui m'accueille accueille Celui qui m'a envoyé.
Jean 13
20. En vérité, en vérité, je vous le dis, qui accueille celui que j'aurai envoyé m'accueille ; et qui m'accueille, accueille celui qui m'a envoyé. »
Une autre fois, s’adressant alors, non plus aux seuls Douze Apôtre, mais aux 72 disciples qu’il envoie prêcher en avant de lui dans toute ville où il devait lui même aller. Il
déclare de même
Luc 10
16. « Qui vous écoute m'écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette, rejette Celui qui m'a envoyé. »
Deux passages sont décisifs dans le Nouveau Testament, dans lesquels le Christ déclare sans ambiguïté sa volonté de bâtir SON EGLISE sur Pierre. Il est important de les donner
dans leur intégralité, en se gardant bien d’oublier les textes qui viennent d’être cités :
Mathieu 16 : profession de foi et primauté de Pierre
13. Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus posa à ses disciples cette question : « Au dire des gens, qu'est le Fils de l'homme ? »
14. Ils dirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d'autres, Élie ; pour d'autres encore, Jérémie ou quelqu'un des prophètes. » -
15. « Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je ? »
16. Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. »
17. En réponse, Jésus lui dit : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t'est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux.
18. Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle.
19. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans
les cieux pour délié. »
C’est une déclaration solennelle, sans appel, comme nous le verrons : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai MON Église, et les Portes de l'Hadès ne tiendront pas
contre elle ». Rien ne pourra l’anéantir, même les puissances de l’Enfer.
C’est une Mission grandiose, une Mission divine : Jésus confie à Pierre et à son Eglise sa propre Mission de Verbe Incarné : « Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux :
quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié »,
Déclaration sans appel, que ne ternira et que n’annulera pas le triple reniement de Pierre. Pouvoir qui se transmettra tout au long des siècles : « Et voici que je suis avec
vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mathieu 28, 20). Malgré les faiblesses des hommes que Dieu choisit. Pierre en est l’exemple. Il lui annonce qu’il Le reniera pas trois fois, mais il
ajoute :
Luc 31 : annonce du retour et du reniement de Pierre
31. « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment ;
32. mais moi j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
33. Celui-ci lui dit : « Seigneur, je suis prêt à aller avec toi et en prison et à la mort. »
34. Mais il dit : « Je te le dis, Pierre, le coq ne chantera pas aujourd'hui que tu n'aies, par trois fois, nié me connaître. »
« Quand tu seras revenu, affermis tes frères » : cette parole confère à Pierre à l’égard des autres Apôtres un rôle de direction dans la foi. Sa primauté au sein même du
collège apostolique y est plus clairement affirmée que dans la passage précédent, connu sous le nom de confession de Césarée », où il pouvait passer simplement pour le porte-parole et le
représentant des Douze.
Le passage suivant, qui se situe après la Résurrection et qui est cité par Saint Jean est non moins significatif de la Mission confiée à Pierre, sur lequel le Christ bâtit SON
EGLISE :
Jean 21
15. Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répondit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. »
Jésus lui dit : « PAIS MES AGNEAUX. »
16. Il lui dit à nouveau, une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? » - « Oui, Seigneur, lui dit-il, tu sais que je t'aime. » Jésus lui dit : « PAIS MES BREBIS.
»
17. Il lui dit pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? » Pierre fut peiné de ce qu'il lui eût dit pour la troisième fois : « M'aimes-tu ? », et il lui dit
: « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime. » Jésus lui dit : « PAIS MES BREBIS ».
La Bible de Jérusalem souligne en note que, s’adressant au seul Pierre, et lui confiant le soin de paître les « agneaux» et les brebis », inclut nécessairement dans ces agneaux
et ces brebis, « ses compagnons apostoliques qu’il dépasse en amour ».
Ce que l’Eglise Catholique enseigne doit donc être accepté avec amour, avec foi, avec docilité : c’est la Parole de Dieu, révélée par la Christ, rappelée et enseignée par le
Saint-Esprit, comme le déclare Jésus sans ambiguïté, et rejeter Jésus, c’est rejeter le Père :
« QUOI QUE TU LIES SUR LA TERRE, CE SERA TENU DANS LES CIEUX POUR LIE » (Mathieu 16, 19)
« LE PARACLET, L'ESPRIT SAINT, QUE LE PERE ENVERRA EN MON NOM, LUI, VOUS ENSEIGNERA TOUT ET VOUS RAPPELLERA TOUT CE QUE JE VOUS AI DIT
« QUI ME REJETTE, REJETTE CELUI QUI M'A ENVOYE » (Luc X, 16).
C’est pourquoi tout catholique est appelé à accepter tout ce que l’Eglise enseigne, car cet enseignement ne vient pas d’elle, mais de Dieu lui-même, du Père, du Fils et du
Saint-Esprit. Agir autrement, faire un choix, est un manque de confiance en Dieu Trinité, un manque d’amour du Dieu Trinité, qui a pour conséquence de nous livrer à nous-mêmes en nous faisant
nous éloigner progressivement de l’Eglise du Christ, l’Eglise Catholique. C’est se priver d’un trésor qui nous vient de Dieu qui veut notre salut. C’est devenir l’enfant prodigue qui veut mener
sa vie comme il l’entend... et connaît la misère.
En bref, on pourrait dire, en une formule lapidaire : on est catholique, ou bien on ne l’est pas...
QUIA TU, DEUS, EA OMNIA REVELASTI, QUI ES AETERNA VERITAS ET SAPIENTIA QUAE NEC FALLERE NEC FALLI POTEST (parce que c’est Toi, ô Dieu qui les a toutes révélées, Toi qui es la Vérité et la
Sagesse, qui ne peut tromper ni se tromper)
En relisant ces passages du Nouveau Testament, nous découvrons en effet que ce en quoi nous croyons, qui nous est proposé et expliqué par l’Eglise, a été révélé par Dieu
lui-même, Père, Fils et Saint-Esprit, comme nous le proclamons dans le Symbole de Nicée-Constantinople à la Messe du Dimanche et des Fêtes solennelles :
Credo in unum Deum
Patrem omnipotentem
factorem caeli et terrae
visibilium omnium et invisibilium.
Et in unum Dominum Iesum Christum
Filium Dei unigenitum,
et ex Patre natum ante omnia saecula.
Deum de Deo
lumen de lumine,
Deum verum de Deo vero...
Et in Spiritum Sanctum, Dominum et vivificantem:
qui ex Patre Filioque procedit.
Qui cum Patre et Filio
simul adoratur et conglorificatur
qui locutus est per prophetas.
Parfois, le doute peut s’emparer du fidèle, du croyant, car nous sommes devant un Mystère qui dépasse notre entendement. Notamment devant le mystère de la souffrance et devant
la mort. Ce ne doit pas être un doute « négatif » qui nous fait tout nier en bloc, ou rejeter certaines vérités révélées, ou qui mène au désespoir. C’est une invitation à découvrir que nous
sommes une simple créature, pécheresse qui plus est ; une invitation à approfondir notre foi, avec constance et humilité, à entrer de plus en plus dans l’intimité de la Très Saint Trinité, par
les moyens que Dieu nous donne, par ses dons, sa grâce, par son Eglise, en n’oubliant jamais que nous sommes créés à l’image de Dieu et à sa ressemblance ; et que, devenus enfants adoptifs de
Dieu, Il ne saurait nous oublier, nous négliger, ne pas nous sauver si nous le voulons.
Le Saint homme Job, éprouvé dans ses biens, dans sa famille, dans son propre corps, est harcelé par son épouse et par trois de ses amis. Il se plaint à Dieu, il exprime sa
souffrance, il fait en quelque sorte un « procès » à Dieu. Mais Dieu lui répond et, en deux discours, sa Sagesse créatrice confond Job, montre la maîtrise de Dieu sur les forces du mal, et fait
défiler devant les yeux de Job Béhémoth (Job 40, 15 24) et Léviathan (Job 40, 25-32 ; 41, 1-26).
La réponse de Job est éloquente, et chacun de nous peut la reprendre dans les moments sombres de la vie, quand la foi semble défaillir, quand nous ne comprenons pas... :
Job 42
1. Et Job fit cette réponse à Yahvé
2. Je sais que tu es tout-puissant ce que tu conçois, tu peux le réaliser.
3. J'étais celui qui voile tes plans, par des propos dénués de sens. Aussi as-tu raconté des oeuvres grandioses que je ne comprends pas, des merveilles qui me dépassent et que
j'ignore.
4. Ecoute, laisse-moi parler je vais t'interroger et tu m'instruiras.
5. Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t'ont vu.
6. Aussi je me rétracte et m'afflige sur la poussière et sur la cendre.
Il se met dans l’attitude du disciple, assis aux pieds du Maître : « laisse-moi parler je vais t'interroger et tu m'instruiras ».
C’est l’attitude de Pierre, après le Discours du Pain de vie, quand tous s’en vont après les affirmations de Jésus qui déclare que celui qui mangera sa chair et boira son sang
aura la vie éternelle (cf. Jean 6, 52, 53-56). Ce langage est trop dur pour les Juifs (Jean 6, 52). Et Jésus, après le départ de nombre des disciples (Jean 6, 66), s’adresse alors directement aux
Apôtres, et leur demande, sans avoir rien changé à ses Parole :
Jean 6
67. Jésus dit alors aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
68. Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
69. Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu. »
La parole de Pierre doit être le guide de notre vie quand nous traversons la « nuit obscure » :
« SEIGNEUR, A QUI IRONS-NOUS ? TU AS LES PAROLES DE LA VIE ETERNELLE ».
Et quand nous proclamons notre foi en Dieu Tout-Puissant, Créateur du Ciel et de la terre, nous ne pouvons pas, nous ne devons pas oublier le récit de la création qui note à
plusieurs la perfection ce que notre Dieu a créé :
« Dieu vit que cela était bon » (Genèse, 1, 10, 12b, 19, 21c, 25c).
Après ce qui est le couronnement de la création, le texte sacré déclare :
« Dieu vit tout ce qu’il avait fait, cela était très bon » (Genèse 131a)
Vérité Eternelle, Sagesse qui ne peut se tromper, et encore moins nous tromper, puisqu’il nous a créés à son image et à sa ressemblance (cf. Genèse 1, 27) en insufflant dans
les narines de l’homme tiré de la glaise « une haleine de vie » (Genèse 2, 7b) : et « l’homme devint un être vivant » (Genèse 7c), c’est-à-dire un être animé par un souffle vital, l’esprit même
de vie de Dieu, un éclat de la vie divine ; la traduction littérale la plus juste est en effet : « et l’homme devint une âme vivante ».
Corps et âme, en lutte souvent l’un contre l’autre comme le souligne Saint Paul, assailli par les tentations du « Prince de ce monde », du Prince des Ténèbres, il n’est pas
étonnant que le « doute » puisse nous saisir. Les Apôtres en personne, placés devant le mystère du Christ disent au Seigneur :
« Augmente en nous la foi » (Luc 17, 5b)
Car, comme l’affirme Saint Pierre avec force :
« scio in cui credidi », « Je sais en qui j’ai mis ma foi » (2 Timothée 1, 12b)
Réciter l’Acte de Foi, souvent, chaque jour, est ainsi un acte d’humilité, de confiance et d’amour ; c’est reconnaître ce que nous sommes, c’est exprimer le désir de nous
pénétrer des Paroles de Dieu pour vivre de plus en plus dans son intimité, en nous libérant ainsi du doute qui peut nous prendre à tout moment, des entraves du péché, des mains du « Prince de ce
monde ». Avec le Seigneur Jésus, nous savons au moins en qui nous mettons notre foi : « scio in cui credidi ».
Dans les temps de ma jeunesse, le jour de notre Communion solennelle, nous chantions avec coeur, et avec toute notre jeune foi, le chant suivant
Je suis chrétien, voilà ma gloire
Mon espérance et mon soutien,
Mon chant d’amour et de victoire
Je suis chrétien, je suis chrétien!
Mgr J. MASSON