De la discipline de parti à la culture de parti

Publié le 24 février 2009 par Nellym67

Depuis quelques jours, quelques semaines, trotte dans ma tête l'envie d'écrire de nouveau sur l'engagement à l'intérieur d'un parti politique et surtout sur ce qui le justifie entre les illusions  que je portais  encore il y a un an et demi où je faisais mes "grands débuts", et les réalités d'aujourd'hui qui me prouvent jour après jour que le parti n'est pas la priorité de ceux qui veulent vraiment le changement...

Un parti, c'est un appareil pour gagner des élections, et s'il s'auréole de valeurs, d'idées et de combats justes, il n'en poursuit pas moins la conquête du pouvoir. Officiellement pour pouvoir mettre en oeuvre un projet de société fondé sur ses bases fondatrices.  Officieusement, pour donner plus de puissance au parti, recruter des gentils bonshommes besogneux colleurs d'affiches, distributeurs de tracts et animateurs de grands rassemblements pour montrer qu'il y a du monde, du soutien, une force numérique puissante... mais pas forcément prospective et force de proposition. Parce que dans l'action, les élus au pouvoir ont du mal à faire triompher leurs idées face aux lobbys et aux conflits d'intérêts... et quand ils prouvent déjà avant d'être élus leur manque de ténacité, alors la confiance n'a plus de place.

Des règles d'or à observer : le militant lambda ne s'exprime pas au nom du parti et fait attention à son esprit critique, et le candidat ou l'élu évite les sujets polémiques...

Discipline, discipline... Organisation, exécutif et exécutants... représentants et contributeurs...

Et puis dans la durée, des déceptions, des départs, des résignation, jusqu'aux élections, on y va, faut gagner.

Un parti de militants, c'est autre chose; un mouvement démocratique, c'est une organisation qui ne repose pas sur la discipline mais sur la culture. La culture de parti, c'est quoi? Quand on sait que les Présidentielles éveillent de nouvelles vocations qui se découvrent une ambition pour le parti ou par le parti, on peut être sûr que le magma des inexpérimentés doit être coordonné pour avancer dans le même sens... Et comment alors éviter de réinstaurer la discipline de parti et de nier toutes ces forces vives qui ne demandent qu'à faire vivre les raisons de leur engagement et qui sont les fondements-mêmes de la structure dans laquelle ils ont pris leur carte et ont décidé de se battre?

La culture selon la définion de l'UNESCO "dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social".

En extrapolant un peu, on pourrait définir la culture de parti comme l'ensemble des traits distintifs et des apports de ses adhérents.

Souvent niée et reléguée au second plan, la culture est un mouvement, une évolution, la trace d'une créativité en acte encouragée par la transmission de l'un à l'autre, par le langage, la compréhension, l'échange et le dialogue. La culture façonne l'homme. La culture de parti pourrait façonner le militant, l'adhérent, et le rendre créateur de nouvelles normes, de nouvelles donnes et faire évoluer un sentiment d'appartenance qui s'imposerait par lui-même au lieu d'attendre "l'appartenance obligée" par le haut.

Coordonner une culture de parti en lieu et place d'une discipline de parti nécessite aussi de changer son regard sur l'ambition d'un parti : celui de vraiment changer la société en laissant ses membres se façonner dans les valeurs fondatrices par leur créativité et leurs initiatives, et par extension faire grandir l'élan des idées fondatrices... Une culture de parti aurait à l'extérieur une autre visibilité que celle du "tous pourris", '"comprennent rien les politiques"...

Et surtout, on pourrait même dire que les personnalités qui en émergeraient seraient avant tout les plus novatrices, volontaires et dynamiques, à la place de ceux qui maîtrisent les rouages, les combines, et qui ont des zamis plus influents que les zamis facebook....

 

Je ne  suis pas en train d'insinuer une volonté de quitter le MoDem, loin de là... juste quelques réflexions en guise de pause que je m'accorde (ouais une petite heure!) avant de reprendre mes activités qui sont nombreuses et me permettent de conserver une dynamique qui aurait disparu sans engagements externes dans des milieux qui laissent davantage de place à l'expression. Donc des idées plein la tête, des propositions qui aujourd'hui ont des répercussions sur mes envies au MoDem local, tout va bien donc. J'encourage donc tous les adhérents qui attendent trop de leur parti de s'engager surtout ailleurs avant tout et de venir nourrir le travail du parti de manière moins attentiste pour transformer eux-mêmes l'organisation, celle d'un parti fondé sur sa culture et non sur sa discipline d'appareil...