Dans la série « la religion catho passe encore pour nulle, décalée etc… » nous avons cette semaine le cas de ce prêtre en Loire Atlantique qui refuse de baptiser un enfant parce que la grande sœur, déjà baptisée, n’est pas éduquée dans la foi catholique (ne va pas au catéchisme). Si la première ne suit pas le catéchisme et si les parents n’en ont rien à faire, pourquoi baptiser le second enfant ? La question est tout à fait légitime et peut se comprendre. Ne jetons pas la pierre à ce prêtre. D’autres refusent certains mariages, d’autres de donner la communion à des divorcés etc… Dans la religion catholique nous sommes intègres et agissons en conscience. Si ces prêtres pensent que ce serait aller contre leur propre conviction et leur fonction et qu’ils refusent de donner le sacrement pourquoi pas ? C’est en gros, ce que soutient Mgr Dubosc qui demande que l’on soit vrai et cohérent comme l’Eglise l’est. Cecit dit je pense que l’on peut être vrai, tout à fait vrai, vouloir et croire en l’Eglise catholique, une et indivisible sans pour autant être à l'aise dans les pratiques rituelles et les enseignements donnés. C'est la forme qui pêche, pas le fond.
Peut-on éduquer ses enfants sans passer par le catéchisme ? Fort probablement ! (Personnellement, quand je vois les énormités que l’on m’a enseigné au caté, j’aurais mieux fait de ne pas y mettre les pieds). Est-ce que l’on a besoin de pratiquer régulièrement pour être estampillé « bon catho » et avoir accès aux sacrements ? Les sacrements ne sont pas des droits octroyés par l’Eglise et leurs prêtres, qui sont, rappelons-le, leurs serviteurs ! Ils sont des actes de foi de personne voulant être en Dieu, par le Baptême, par le mariage, la confirmation, le sacrement des malades, le sacrement de réconciliation et éventuellement le fait d’entrer dans les ordres.C'est un acte de foi, un acte qui dit "oui Dieu j'ai envie de te connaître, j'ai envie que tu sois dans ma vie". Ce n'est pas un label. Nous ne sommes pas des poulets de Bresse AOC.
Quelle personne peut être juge de la manière de pratiquer d’une famille, d’une autre personne ? Qui peut être juge sur terre de notre relation à Dieu ? Qui peut dire que la graine semée lors d’un sacrement ne pourra s’épanouir parce qu’elle n’aura pas poussé dans les plates-bandes cléricalement bêchées ? Qui peut dire la manière dont Dieu s’adressera à chacun de nous, pratiquant ou pas ?
Il est certainement vrai que des sacrements ont été accordés pour de mauvaises raisons : baptiser un enfant pour éloigner le Malin (c’est déjà ça de gagné, on ne sait jamais), se marier pour faire plaisir à mémé et à tata Fernande etc… Mais c’est justement là que le dialogue entre le prêtre ou les laïcs qui préparent les familles aux sacrements est important pour discerner la raison profonde de la demande de sacrement. Et sans jamais, ô grand jamais sous-estimer « la foi du charbonnier ». Eh quoi ? Un prêtre en saurait plus sur la foi qu’une personne qui croit mais a du mal à mettre des mots, à exprimer ce qu’il vit au plus profond d’elle ?
Pour moi la question n’est pas de savoir si oui ou non on laisse des parents baptiser leurs enfants, si on obtient la caution de leur bonne pratique et s’ils donnent un enseignement catholique à leurs enfants. Pour moi la question est de déterminer quel est le désir profond des gens et pourquoi ils veulent s’engager dans une démarche sacramentelle. Et oui, on peut croire, on peut avoir une relation intime avec Dieu, en Dieu, sans pour autant mettre les pieds au caté ou dans une église. Si vraiment l’institution cléricale veut voir les gens au caté ou dans les églises après les sacrements, qu’elle se pose peut-être la question non pas de la foi des baptisés, mais de la manière dont elle aide à entretenir cette foi!