Coïncidence des polémiques cette semaine. Un proche de Nicolas Sarkozy reprendrait la tête de la future seconde banque française, issue du rapprochement des Caisses d'Epargne et des Banques Populaire. Et l'UMP dénonce la "récupération politique" par Ségolène Royal des "évènements" aux Antilles.
François Pérol, la nomination en question
Lundi 23 février, Christine Lagarde a confirmé qu'"il y aura un nouvel établissement qui sera créé pour constituer la fusion". Aux Etats Unis, Barack Obama a fait prêter serment à ses conseillers, il y a un mois, de ne jamais travailler pour une entreprise ou un lobby d'un secteur qu'ils auraient en charge pendant l'intégralité de son mandat. En France, cette précaution éthique ne semble pas de mise. L'Elysée se refusait à confirmer la nomination de François Pérol à la tête de la banque issue de la fusion de l'Ecureuil et de la Banque Populaire. François Pérol a conseillé Nicolas Sarkozy quand il était ministre des Finances en 2004, puis l'a rejoint à l'Elysée en mai 2007, après un passage à la banque Rotschild, comme secrétaire général adjoint et conseiller en matière de politique financière. les compétences ne l'homme ne sont pas en cause, bien au contraire. Jean-Louis Bianco, député PS proche de Ségolène Royal, a même déclaré que cette nomination éventuelle ne le dérangeait pas.
Pourtant, la question éthique se pose: François Pérol travaille sur la régulation du secteur financier et le voici qui rejoindrait une banque majoritairement privée. Primo, on peut supposer qu'il a eu connaissance d'informations privilégiées sur l'ensemble du secteur bancaire, et donc sur ses futurs concurrents. Deuxio, il aura sans doute l'écoute présidentielle mieux que d'autres à un moment où les banques doivent être sous contrôle. Tertio, il a largement travaillé sur le dossier de fusion proprement dit entre ces deux banques françaises. Les critiques contre cette nomination sont multiples. Benoit Hamon, pour le Parti Socialiste, s'est sans doute planté en fustigeant une mainmise de Sarkozy lui-même sur les banques («ce n'est pas que l'Etat Sarkozy, c'est le patronat Sarkozy»).... François Pérol travaillera pour l'intérêt de son futur employeur, pas pour Sarkozy. Jean Arthuis (Nouveau Centre) a jugé cette décision "extrêmement choquant(e)". François Hollande a également parlé de problème déontologique. La bonne décision aurait été de se contenter de nommer des administrateurs représentant l'Etat, puisque ce dernier sera vraisemblablement un actionnaire significatif de la nouvelle entité. Après des garanties bancaires sans contre-parties, voici un président de la république qui tombe dans l'excès inverse en faisant nommer l'un de ses proches à la tête d'un établissement en pleine crise. A quand Henri Guaino patron de la Poste ? République bananière ?
Ségolène Royal aux Antilles
L'UMP a violemment critiqué le déplacement de l'ancienne candidate en Guadeloupe pour les funérailles du syndicaliste du LKP tué la semaine dernière: "Je suis venue en amie des peuples antillais et guyanais, d'abord pour rendre hommage à un syndicaliste tué" a-t-elle expliqué. Faudrait-il rester coi et distant ? Si Nicolas Sarkozy a la trouille, sincère, de venir en Guadeloupe dans les conditions actuelles, par crainte de débordement, c'est avant tout son problème. Ségolène Royal, comme Olivier Besancenot, font leur travail d'opposant et de responsables politiques en se déplaçant là où ça fait mal. Jean-Louis Bianco a justement rappelé que "C'est ridicule, c'est débile de réagir comme ça. Ségolène Royal est sur place parce qu'elle connaît très bien les lieux [elle a passé quelques années dans l'île voisine de la Martinique, dans son enfance, NDLR]. C'est le monde à l'envers, car ce qui est choquant, c'est qu'aucun membre du gouvernement ne s'y trouve".&alt;=rss