Du reste, Morrissey et les labels, c'est tout un poème, et ça n'est pas le moindre des gimmicks attachants et rigolos dans lesquels se complait le bonhomme. En effet, après le faux revival RCA de Southpaw Grammar (1995), l'hilarant clin d'oeil au néoclassicisme de Deutsches Grammophon, pour Ringleaders Of The Tormentors (2006) et sa pochette clin d'oeil à André Rieu
-et je ne suis pas peu fier d'ajouter une deuxième citation du brillant violoniste après celle de Dave ; (qui osera mentionner Clayderman ou Rondo Veneziano sur DODB, les paris sont ouverts)-
qui voyait l'anglais renouer avec une inspiration quelque peu laissée en berne depuis le splendide Vauhall And I (1994), voici l'étiquette Polydor ! Les pochettes sont aussi de plus en plus tordantes et euh...énigmatiques depuis le mafioso mitraillette au poing de You Are The Quarry (2004) ; là c'est un bébé, appartenant semble-t-il à l'ancien manager de l'artiste. Serait-ce qu'après avoir trouvé l'âme soeur sur l'album précédent, le dégingandé engliche aspirerait à la paternité ?
La réalité semble toute autre, et comme souvent avec Morrissey, lorsque l'humour, le second degré font défaut à ses disques, c'est leur marque de fabrique qui en souffre, tant il est vrai que le Moz n'a pas son pareil pour rire de ses semblables ainsi qu'à ses dépens ! Et même si ces chansons remontent à il y a presque 2 saisons, soit le temps du bonheur romain, elles semblent empreintes d'une certaine amertume, et sous ses dehors goguenards laissent poindre la fêlure. N'en déplaise à la morgue affichée ("All You Need Is Me")
Plus grave, Morrissey n'en finit pas de faire confiance au groupe d'affreux bûcherons qui l'accompagne depuis plus d'une décennie. Ici, ça bastonne, ça fait vriller les guitares, le grand Steven n'a jamais aussi bien chanté, forçant même les aigus les plus outrés (le refrain de "Something Is Squeezing My Skull") , mais bien souvent, cela sonne vain, comme sur l'effroyable final de "Mama Lay Softly On The Riverbed"
Alors, il y a des couplets qui font mouche, la délicate "I'm Throwing My Arms Around Paris", le finale Sorry Doesn't Help", "I'm Ok By Myself", mais dans l'ensemble tous ces enchaînements bourrins, ces arrangements rustres qui renverraient Your Arsenal (1992) dans les cordes de l'oeuvre ciselée, font bâiller.
Un album long à voir le jour pour des problèmes contractuels, mais à l'inspiration hélas inversement proportionnelle quant à la durée d'exécution et d 'élaboration.
en résumé : Morrissey délaisse à nouveau le nectar millésimé au profit du gros rouge qui tache. On est en droit d'apprécier cet enrobage, d'autant que le ramage du chanteur est intact. Tout comme on peut se montrer passablement déçu par la qualité des chansons de cette 9ème livraison.
le site officiel, le site del'album et un site complet sur Morrissey et les Smiths
"I'm Throwing My Arms Around Paris