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Ce week-end, dans l'avion qui me conduisait à Megève afin de passer quelques jours de repos à la montagne, je lisais Les Echos (je m'ennuyais et j'avais fini le Wall Street Journal) quand soudain j'ai ressenti un terrible coup de blues.
Là, à 10 000 km d'altitude, ma flute de champagne à la main, j'ai enfin compris que cela va mal, cela va même très mal : la situation économique est tragique, pire que ce qu'on pouvait imaginer !
Cette cruelle révélation m'est venue en lisant une publicité en dernière page du quotidien économique.
Il s'agissait d'une annonce pleine page pour un hard-discounter (Lidl je crois).
Petite précision pour pour certains de mes lecteurs/lectrices qui ne fréquentent que Fauchon ou La Grande Epicerie du Bon Marché : un hard-discounter n'est pas un magasin qui vend des dvd pornos soldés. Non non. C'est une chaîne de magasins d'alimentation à bas prix où les prestations sont limitées au maximum : il n'y a pas de décorations bling bling, peu de vendeurs, personne pour porter vos sacs, les produits sont encore dans les cartons, les caddies ne sont pas plaqué or... ceci afin de diminuer les prix de revient.
Donc, la publicité affirmait que cette chaîne de magasins pratiquait les prix les moins chers de France "sur une liste de produits du quotidien" que l'on peut consulter sur le site internet du hard-discounter (attention, toujours rien de sexuel là-dedans).
Bien sûr, à peine arrivé dans mon chalet, tandis que mon majordome défaisait mes malles, je suis allé sur le site pour voir quels étaient ces fameux produits proposés à un prix défiant toute concurrence...
Ce fut un terrible choc. Il s'agissait d'oignons, de carottes, de pommes de terre et de sauté de veau à moins de 1,50€ la portion individuelle.
C'est réellement dans ces instants (oh vie cruelle !) que l'on prend conscience de la réalité de la crise économique (bien plus qu'avec ces chiffres abstraits du nombre de chômeurs).
En effet, les lecteurs habituels des Echos sont en général des cadres sup-supérieurs, des dirigeants d'entreprises, des directeurs généraux, bref, des individus avec attaché-case Louis Vuitton, Loden en cachemire et Mercedes avec chauffeur.
Alors penser que ces personnes en sont à chercher les carottes les moins chères et qu'elles rêvent de sauté de veau à moins de 2€, quelle horreur !!!!
Il est clair à présent que Laurence Parisot a raison : le patronat français est à la rue et dorénavant lorsque vous croisez un cadre sup, soyez généreux et offrez lui des légumes sinon il risque de se délocaliser.
Et si vous avez encore quelques biens, proposez-lui un pot au feu.