Au nord du pays cette fois, les sections provinciales, à Al Hoceima, de l'Association nationale des diplômés au chômage (AND CM) ont organisé une marche le même vendredi. Cette marche a été précédée par une forte présence des forces de l'ordre amenées en grands renforts. Cette marche, qui finalement n'a pas eu lieu, a été devancée, mercredi, par une marche similaire des diplômés au chômage d'Imzouren, petite localité près d'Al Hoceima.
D'autres formes de protestation prennent forme un peu partout au Maroc. Dans le Moyen-Atlas, plusieurs tribus crient encore leur détresse face à la faim et au manque terrible de moyens. C'est notamment le cas pour la région de Boulemane et Missour, soit les régions qui avaient déjà été touchées par des inondations, il y a plusieurs mois. Dans ces contrées, en plus du manque de moyens, les populations souffrent le martyre à cause des prix pratiqués par les fournisseurs de bois de chauffage. Des marches sont d'ailleurs prévues pour protester contre le phénomène de «spéculation» qui touche ce domaine, à en croire des sources sur place.
Selon un rapport de l'OMDH (Organisation marocaine des droits humains), les dernières intempéries ont fait une trentaine de morts, mais surtout détruit des centaines de maisons en pisé. L'ONG relève surtout que des dizaines de douars étaient restés isolés pendant plusieurs semaines et que les secours et opérations de distribution d'aides étaient organisés de manière inégale dans les régions sinistrées. D'ailleurs, cette distribution des aides a été à l'origine d'émeutes, le 10 février dernier, quand les populations de Khnichet avaient manifesté leur colère contre la manière dont elles étaient distribuées. Réaction immédiate des autorités : la suspension des aides, une mesure qualifiée par les ONG de «punition collective». Mais le meilleur était pour jeudi dernier, quand les supposés casseurs étaient jugés par le tribunal de première instance de Sidi Kacem, qui a condamné 10 personnes à des peines allant de deux à dix mois de prison. Des verdicts qualifiés d' «excessifs» par Abdessalam Adib, qui y voit encore la preuve d'une «justice aux ordres».
Ce n'est pas la première fois que la répression de manifestations de protestation donne lieu à de dangereux débordements. Le 23 septembre 2007, un sit-in contre la cherté de la vie devant le siège de la province de Sefrou avait dégénéré en confrontation ouverte entre les populations et les forces de l'ordre. Il a fallu plusieurs jours pour que la situation se calme dans une ville en état de siège. Les associatifs mettent ces débordements sur le compte du recours à la violence excessive contre des manifestants pacifiques. Au final, près de quarante personnes sont traduites en justice et condamnées.
En juin 2008, c'est la ville de Sidi Ifni qui s'embrasait à son tour après l'intervention des forces de l'ordre pour mettre fin au blocage du port. Cependant, les choses ne se sont pas arrêtées à ce stade, mais ont débouché sur ce que les populations qualifient de «carnage». Ces événements avaient même donné lieu à la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire, qui a remis un rapport des plus contestés.
Mohammed Boudarham
Source: Le Soir Echos
le 23.02.2009 / yabiladi.com/