Tokyo Gore Police
Mutant barrés contre flics bridés
« Tokyo Gore Police » est le premier film de Yoshihiro Nishimura, maquilleur décadent du déjà très gore « Meatball Machine », qui a choisi pour héroïne Eili Shiina, l’impassible tortionnaire du « Audition » de Takeshi Miike. Dans un Tokyo futuriste, un savant fou, aussi génial que mégalomane, décide de dominer le monde en mettant au point une armée de mutants redoutables, opportunément baptisés « engineers ». Pour faire face, une brigade de policiers surentraînés est rapidement mise en place. La guerre est déclarée !
ATTENTION ! CERTAINES IMAGES PEUVENT HEURTER LA SENSIBILITÉ.
© Nikkatsu prod.
« Tokyo Gore Police » se démarque par son idée résolument géniale, prétexte aux mises en images les plus désopilantes : les mutants ne peuvent être tués qu’en coupant en deux la tumeur qui les caractérise, et pas question de rater son coup, sinon il repoussera vite de leur blessure une arme aussi folle que destructrice. Le réalisateur n’a peur de rien : yeux-canons, bras très tranchant ou gueule carnassière en guise d’entrejambe se rencontrent au gré du film aussi facilement qu’une prostituée vidée de son sang et soigneusement pliée dans un carton (élément par ailleurs inexpliqué et inutile du film).
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Ce n’est à proprement parler une grande surprise : le point faible du délire sanglant de Nishimura est clairement à rechercher du côté du scénario, pas assez rigoureux et vraiment trop foutraque pour être compréhensible. L’ajout d’un contexte social dictatorial est lourdement surligné par des séquences de massacre où les méchants flics se gondolent à écarteler des gentilles mémés qui n’ont pour ainsi dire rien fait de mal… à part arracher le visage de leur collègue à coups de tesson de bouteille ! Les messages publicitaires propagandistes qui, à la manière de « Battle Royale », montrent une speakerine balançant des horreurs de manière très « kawaii », finissent ainsi par avoir raison des parties génitales du spectateur…
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Et pour couronner le tout, Eili Shiina, qui a vraiment de très jolies jambes (qu’on ne manquera pas, naturellement, de contempler à l’envi, si ce n’est à chaque plan), est au niveau de son jeu pire que le plus impassible des Steven Seagal ! Zéro émotion n’aide vraiment pas à accrocher le public. En dépit de ces faiblesses, les amateurs de films de genre et de viande fraîche peuvent se lécher les babines : ils vont se réjouir devant l’inventivité de la chose, qui n’est malheureusement pas toujours mise en valeur par la réalisation systématiquement décadrée de Nishimura. Le très décalé « Festival du film fantastique de Sitges », qui avait retenu « Tokyo Gore Police » dans sa sélection, a bien flairé le potentiel de cette nouvelle bizarrerie nippone riche en hémoglobine.
Reda
© Nikkatsu prod.
Réalisé par Yoshihiro Nishimura
Avec Eihi Shiina, Itsuji Itao, Shôko Nakahara, Keisuke Horibe, Sayako Nakoshi
Durée : 1h50
Date de sortie : prochainement
Titre original : Tôkyô zankoku keisatsu