15e FESTIVAL DES CINÉMA D'ASIE
(Du 10 au 17 février 2009 à Vesoul)
DÉLICES D'ORIENT
MOHSEN MAKHMALBAF
UN HOMMAGE A LA "MAKHMALBAF FILM HOUSE"
SIMIN MOTAMED-ARYA, PRÉSIDENTE DU JURY
ET PUIS, MARTINE ET JEAN-MARC THEROUANNE EN MAÎTRES DE CÉRÉMONIE
Hou Hsiao-hsien, Stanley Kwan, Wu Tianming, Masahiro Kobayashi, Dai Sijie... Du beau monde, des belles gens sont déjà passés par le festival de Vesoul, et plus de 24000 spectateurs en 2008.
Pour son anniversaire, Le FICA (car c'est dorénavant sous cette appellation qu'il convient de nommer l'étonnant Festival des cinémas d'Asie à Vesoul), s'offre la présence de Mohsen Makhmalbaf, l'excellentissime réalisateur iranien, mais aussi monteur, scénariste, directeur de la photographie, acteur et producteur... Non seulement Mohsen, le père... mais toute sa famille. Marzieh, sa femme ; Samira, sa fille aînée, et la benjamine Hana. "La Makhmalbaf Film House".
MOHSEN & SAMIRA MAKHMALBAF À CANNES - 1987
D'abord le père, "le fondateur de la boîte.".. "Gabbeh" (1996), "Le merveilleux silence" (1998). La bande produite en France par MK2 est un parcours aveugle derrière le mur du son, un voyage initiatique et sensible dans la petite musique du monde. Imaginez le premier mouvement (Allegro con brio) d'une cinquième de "Beethov". Ces huit notes les plus célèbres de la musique occidentale, reprises avec toutes sortes d'instruments de musique traditionnels persans. La musique comme paradigme abouti de la beauté du monde... Le "lieu" onirique de tous les rassemblements. Korshid, l'enfant aveugle se fait alors compositeur d'un grand orchestre des choses de la nature et des hommes dont il ne peut voir que le temps et l'espace, à l'image des vers invisibles d'Omar Khayam. "Kandahar" ensuite, en 2001. Le portrait sans concession de femmes afghanes, des femmes fantômes sous leurs inquiétantes burkas multicolores...
Une filmographie prestigieuse qui se faufile entre la poésie et le réalisme social, un cinéma philosophique, politique, "engagé" comme on dit ici ! Mais laissez-moi préférer : "Il était une fois le cinéma" (Nasseredin shah, actor'e cinéma).. Mohsen définit lui même cette oeuvre comme un hommage à Chaplin (mais voyez vous-même). Une reconstitution tout à fait fantaisiste du règne du Shah Nosseredin vers le milieu XIXe siècle, et le montage ponctué d'extraits de films qui ont marqué le cinéma iranien d'avant la révolution islamique. Un petit bijou du genre. Dans le film, Nosseredin... est prêt à laisser tomber son royaume pour l'amour éperdu d'une actrice, "Golnar" (l'héroïne du premier film parlant iranien). Ainsi, le Shah veut devenir acteur... Et si mes sources sont bonnes... il est dit aussi que dans la vrai vie de Nosserdine et celle de son fils, Mozzafar, "le prince", l'empereur de perse aurait succombé à une passion sans borne pour la photographie. Dés 1849, avec l'arrivée du premier daguerréotype à la cour d'Iran, le monarque avait aimé à prendre ses distances avec le monde politique réel pour se consacrer à sa passion pour l'image fixe. Quelques temps plus tard, l''empire d'Iran prendrait ses distances, lui aussi... avec sa propre grandeur historique. Voir un reportage de Néon en Iran. Marzieh Meshkini ensuite, la femme de Mohsen. "Le jour où je suis devenue une femme" justement ! (1999). C'est son premier film. Une course de jeunes femmes à vélo, toutes revêtues d'un tchador noir. L'instant est drôle, tragique aussi... pour tout dire, inoubliable ! Une certaine idée sur l'amour des femmes qu'on boucle une fois pour toutes, oui... par amour. Le noir de Marzieh est beau à l'image... Redoutable, comme "le tableau" de Samira, prix du jury à Cannes pour ses vingt ans.
SAMIRA MAKHMALBAF
Samira qui dit tout devoir à son père... un talent incroyable, mais dont on comprend très vite que la jeune femme vit dans son monde bien à elle. Voyez alors "À cinq heures de l'après-midi". (Une scène inoubliable où l'héroïne se fait photographier dans un tchador bleu). Un bleu afghan à l'image, comme on dirait un bleu à l'âme clandestine dans son propre coeur chaviré.
Le film a obtenu le prix du jury sur la croisette en 2003. Enfin, la petite dernière de la famille, Hana et son précieux "cahier" sous les statues géantes des Bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan. L'histoire dans la grande histoire... la terrible histoire de la couleur du monde dans les yeux persans.
HANA MAKHMALBAF
Le rendez-vous prévu avec la "Makhmalbaf Cie" au « Majestic » constitue l'une de ses petites boites à plaisirs qu'on aime à ouvrir entre amis du festival de Vesoul (pardon ! le FICA...) Des rencontres, des instants magiques, privilégiés. Je vous dis ça alors que la NHK, la première chaîne de télévision japonaise à déjà payer son billet de Tokyo à Vesoul, car voyez-vous, Ce Monsieur Makhmalbaf dont nous parlons, doit recevoir la centième récompense de sa carrière, là, juste sous "la Motte", ses 380m d’altitude à partir desquels, dit-on : il serait possible par bonnes conditions, d’entrapercevoir les Alpes sur les plaquettes touristiques, et comme à peu près partout ailleurs, si peu que l’endroit soit doté de la moindre butte opportune ! Un rendez-vous, quelque part au bord des rives du lac de Vaivre (une réserve ornithologique, un rendez-vous de plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs). La ville d’Édouard Belin, d’Edwige Feuillère ou de Raymond Aubrac. La ville d’Alain Joyandet, le maire UMP, le député, le sénateur sarkozyste Joyandet, et depuis 2008... secrétaire d’état chargé de la coopération et de la francophonie. Alain... qui ne répond pas à ses mails ni à son courrier officiel. Si, je vous assure !... plus d’un mois que j’attends la réponse de Monsieur le Ministre à propos d’un projet culturel en Afrique qui ne lui coûterait rien sinon le temps d’un coup de fil pour faire bouger les choses, aider à développer une belle initiative privée... Un « rendez-vous » qui n'a pas eu lieu, Une boîte à plaisirs sous la forme d’un écrin plutôt prometteur, un emballage politique bien foutu mais qui à du mal à tenir toutes ses promesses loin de chez lui. (Où lorsque les gens très occupés ne peuvent pas être partout non plus !)
Mais restons sur le thème des rendez-vous réussi, si vous le voulez bien. Celui prévu avec Fatemeh (Simin) Motamed-Arya. L'actrice iranienne remplacera Masahiro Kobayashi, le réalisateur et producteur japonais qui fut le président du jury 2008. La dame, primée plus de 30 fois sur tous les continents, sera la 15e personnalité choisie par Martine et Jean-Marc Therouanne, à s'installer aux commandes du jury de ce "Fica", cru 2009. La comédienne a joué dans prés de 50 films sous la direction de Mohsen Makhmalbaf, Abbas Kiarostami, Rakhshan Bani-Etemad ou bien encore de Bharam Beyzai … Nous nous étions rencontrés en 2002, par l'intérmédiaire de Shahla Nahid, alors qu’elle tentait de réaliser son premier film documentaire à paris. Simin formulait l'idée de raconter l’histoire de Farrokh Ghaffari. Une série d’entretiens à Montparnasse où le réalisateur résidait depuis son exil en 1979. Des rendez-vous de l'après-midi, où nous évoquions ensemble autour d'une tasse de thé préparée par sa charmante épouse, la mémoire de Truffaut, J-L Godard, Rhomer, le cinéma moderne ; 1968... Henri Langlois et la cinémathèque.
FARROKH GHAFFARI
Farrokh est aujourd'hui décédé. Je me souviens qu'il me fut possible un jour de me rendre en Iran pour travailler à la fabrication d'un projet sur la photographie qui lui tenait à coeur, et grâce à son obstination. Un grand monsieur, ses airs à Scorsese, ses bonnes manières et toute sa mélancolie dans les yeux. Une belle personne, un prince. Un sacré bonhomme, toujours à l'heure à ses rendez-vous et qui n'oubliait jamais de répondre à son courrier.
Et pour conclure sur le thème des boîtes à plaisirs, des boîtes à surprises dans la qualité de fabrication d'appellation d'origine iranienne™ contrôlée. ... Veuillez trouver cette boîte de pâtisseries d'Ispahan. des véritables Hahajkhalifeh. Pour vous être agréable, et pour essayer de penser à autre chose qu'à ces temps de guerre misérables.
NÉON™
FARROKH GHAFFARI making off
RÉALISÉ PAR SIMIN MOTAMED-ARYA / IRAN
IMAGES © JL GANTNER
75 films inédits ou très rares sur les écrans français
FILM D'OUVERTURE
"Chant des mers du Sud" de Marat Sarulu, Kirghizstan
mardi 10 février 2009 à 20h30 au Théâtre Edwige Feuillère
longs métrages de fiction en compétition :
Chine : Le mirage de Zhou Hongho – 2008 – Première internationale
Corée : Daytime drinking de Noh Young-seok – 2008 – Première française
Inde : Gulabi talkies de Girish Kasaravalli – 2008 – Première française
Indonésie : Pesantren (3 wishes, 3 loves) de Nurman Hakim – 2008 - Première européenne
Irak : L’aube du monde d’Abbas Fahdel – 2008 – Première européenne
Kazakhstan : Un cadeau pour Staline de Roustem Abdrashev – 2008 – Première française
Philippines : 100 de Chris Martinez – 2008 – Première européenne
Sri Lanka : Flowers in the sky de Prasanna Vithanage – 2008 – Première française
Taiwan : Cape n°7 de Wei Te-sheng – 2008 – Première française
Documentaires en compétition :
Afghanistan/France : La reconstruction par le théâtre d’A Paraboschi – 2008 – 1ère mondiale
Birmanie/France : Sur la route de Mandalay d’Alain Mazars – 2008 – Première mondiale
Iran : Persian cat walk de Marjan Alizadeh – 2008 – Première française
Russie (Sibérie)/France : L’école nomade de Michel Debats – 2008 – Inédit
Syrie : Iraqis in multi classes exile de Fajr Yacoub – 2008 – Première internationale
Taîwan/France : Taiwan 2008, paroles de campagne de J-R Thomann – 2008 – 1ère mondiale
Thaïlande/France : Le docteur et les montagnards de Raphaël Peretti – 2008 - Première mondiale
Vietnam : Etranges métiers de Kieu Nhi – 2008 – Première internationale
VOIR LE SITE DU FESTIVAL
VOIR L'ARTICLE CONSACRÉ AU FESTIVAL 2007 SUR LE JOURNAL DE NÉON™
VOIR UN REPORTAGE EN IRAN SUR LE ZOURKHANEH, RÉALISÉ PAR JL GANTNER