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GAZA... LA SYMÉTRIE DU GÂCHIS.
Par Zelig
Difficiles ces derniers jours, pour ceux qui comme moi n’envisagent pas les choses autrement qu’avec optimisme, perplexité et scepticisme (oui, les trois sentiments peuvent cohabiter de concert, sans s’empêcher l’un l’autre de vivre librement).
Mais bien sûr c’est d’abord la tristesse qui submerge ; elle déborde la réflexion et envahit l’intelligence, fige la pensée de ceux qui cherchent à réfléchir aux moyens de ramener la raison.
Pendant ce temps, les idéologues sont à l’œuvre, Ils y vont de leurs poncifs d’un camp comme de l’autre. Et des camps, il y en a plusieurs pour tout compliquer. Jusqu’à ceux qui parasitent, envahissent, finissent par être plus jusqu’au boutistes que n’importe lequel d’entre ceux des plus concernés légitimement. Ils vivent de ce conflit, ils en font le « plein » de leurs vies, généralement bien ternes, bien vides. Loin de vraiment regretter les morts de ces moments tragiques, ils s’en nourrissent à satiété, sans honte aucune, s’en repaissent avec l’évident plaisir des sadiques.
Pour ma part je suis accablé par tout ce gâchis humain.
Tout ce gâchis humain, ces vies détruites ne peuvent pas, ne doivent pas laisser indifférents les uns et les autres. C’est là la pire d’une situation quand certains se réjouissent de la mort d’autres, de ceux qui n’ont ainsi plus aucune définition humaine. Ils sont récupérés, instrumentalisés par les uns comme des martyrs de la cause et par les autres au mieux comme victimes collatérales quand ils ne sont pas simplement comptabilisés au nombre des ennemis ainsi éliminés.
Et il y a tous ceux qui restent, hébétés par la violence qui leur est tombée dessus, qu’ils ont redoutée quand d’autres, chaque jour organisaient, sciemment la situation qui les verraient soumis au déluge du feu et de l’acier. Ils ont souvent tout perdu, un proche, une maison, quelques maigres biens. Pour eux l’histoire semble un éternel recommencement. Ils font partie des dégâts dont sont responsables aussi bien ceux qui les attaquent que ceux qui les ont mis dans cette situation. Mais de ces derniers, lâches d’entre les lâches, il n’en est pas question ou si peu tant ils se parent, s’autoproclament des qualités de résistants renvoyant ainsi le camp d’en face au rôle abject de l’oppresseur. Et ceux qui les soutiennent se parent ainsi de ces mêmes vertus qui habillent leurs si maigres quotidiens. Il faut les voir éructer leur haine de l’autre, jusqu’à la passion dans ces pitoyables cortèges d’un autre âge, il faut les observer avec leurs déguisements de sinistres carnavals. Les cortèges de l’Inquisition en plein 21e siècle.
Et il y a la suite, toute aussi triste de ces amalgames douteux mais soigneusement entretenus.
Des juxtapositions honteuses pour ceux qui les dessinent à dessein ainsi, une étoile de David et une croix gammée. Et il y a pire encore, quand quittant la rue, son anonymat facile dans la foule des braillards l’abjection prend ses quartiers, fait salon, infecte les ondes, comme cette comparaison entre le meurtre odieux des enfants d’une crèche belge avec les bombardements israéliens sur Gaza. Tout aussi odieux aujourd’hui même sur les ondes de France Info, cette émission racontant l’action d’Obama alors Sénateur à Chicago, rasant un ghetto (noir) comme « les israéliens bombardant Gaza » pouvait-on entendre.
Cet acte de guerre est-il alors en train de devenir le mètre étalon en la matière.
Ecrasé, le Blitzkrieg sur Londres de la Luftwaffe ; dépassé, Dresde rasé par la RAF ; rangés au placard les Hiroshima et Nagasaki, seuls restent les bombardements israéliens sur Gaza.
Passons aussi sur ce drôle de journalisme qui israëlienise tout ce qui peut et doit choquer.
Drôle de journalistes en effet.
Oubliés les kurdes gazés par milliers par Saddam Hussein, oubliés les 12 000 palestiniens tués par l’armée Jordanienne lors de Septembre Noir, oubliés aussi les 10 000 syriens éliminés à Hama par Hafez El Assad, sans compter les presque 200 000 morts entre 95 et 2005 en Algérie sans qu’on y ait vu l’ombre d’un soldat de Tsahal.
En écrivant ceci je ne veux pas oublier les morts de Gaza ils n’effacent pas les morts cités plus haut, ils s’y ajoutent comme tout autant d’injustices.
Pour finir, encore deux choses... La première concerne l’Angleterre où la Shoah ne serait plus enseignée car les élèves musulmans des écoles de Sa Très Gracieuse Majesté doutent de sa réelle existence. Dans le même temps, une pétition circule pour rompre toutes les relations entre les universités britanniques et israéliennes. Il s‘agit d’organiser un boycott pour dénoncer la politique israélienne envers les Palestiniens. Et celle-ci, la municipalité de Barcelone a annulé toutes ses participations aux commémorations de la Shoah pour protester contre l’opération militaire israélienne à Gaza (dépêche d’agence). Ou encore... et dans le même registre, ces commerçants romains appelant au boycott des magasins juifs tout comme à Vienne (Autriche).
Etrange symétrie, n’est ce pas ?! ou plutôt étrange asymétrie.
Le 6 Février 2009