Je n'ai pas été surpris, en tout cas, de retrouver le nom de Daniel Delas dans la longue liste de remerciements, à la dimension plus habituelle dans un ouvrage américain que français.
Jean Rolin a rencontré des chiens errants partout dans le monde, lors d'un périple où il a même été attaqué par l'un d'entre eux. Et il a tout lu sur le sujet, ou presque. Simultanément, je travaillais pour la Bibliothèque malgache à la réédition d'un texte d'Etienne Grosclaude de la fin du dix-neuvième siècle, Un Parisien à Madagascar. J'y trouve ceci:
En fait de musique, nous n'avions que les abois lamentables des chiens sauvages qui environnent le camp; ils finissent par devenir tellement insupportables qu'on en tue un pour lui apprendre à vivre. Nous nous attendrissons sur sa dépouille, en songeant qu'il n'aurait tenu qu'à lui d'être l'ami de l'homme, au lieu de se conduire comme un chacal.On trouve aussi, chez Raharimanana (dans Rêves sous le linceul, me semble-t-il), des images de chiens dévorant des cadavres en 1947, ce qui me faisait penser au Rwanda où la même chose s'est passée en 1994, tout cela rendant les chiens errants indésirables, pour le moins.
Du Rwanda, Jean Rolin parle, à propos d'un livre terrible de Philip Gourevitch où il avait trouvé cette cruelle anecdote (Nous avons le plaisir de vous informer que, demain, nous serons tués avec nos familles).
Il y a d'autres guerres dans son livre. D'autres chiens affamés. Et beaucoup de moments formidables qui font de son voyage planétaire à la recherche des chiens errants un récit passionnant.