Fins de séries et suites

Par Pmalgachie @pmalgachie
Les lecteurs attachés à une série voient toujours celle-ci se terminer avec une certaine angoisse. C'est comme si une amitié, voire même un amour, s'achevait. Le sentiment de perte peut être immense. Ce fut le cas avec la fin de Harry Potter, sept volumes qui se sont vendus à plus de 300 millions d'exemplaires dans le monde et qui ont eu au moins pour grand mérite, quoi qu'on pense de cette littérature, de réconcilier les jeunes lecteurs avec la fréquentation de gros volumes. Plus de 800 pages pour le dernier épisode de la série, cela n'avait apparemment rien de... sorcier.
Un de mes frères a une fille qui était âgée de huit ans à la sortie de Harry Potter et les reliques de la mort. C'est une grande lectrice et sa mère est américaine. Quand même: j'ai été impressionné quand, après avoir fini de tout lire en français, elle a recommencé... en anglais!
Je ne suis pas certain que la parution des Contes de Beedle le barde l'ait consolée de ce que J.K. Rowling l'ait un peu laissée orpheline.
Peut-être s'est-elle depuis, comme d'autres, lancée dans l'œuvre de Stephenie Meyer, une nouvelle star internationale de la littérature de jeunesse. Sa série Twilight est considérée comme un substitut acceptable. Elle compte quatre volumes (seulement, ai-je envie de dire), traduits en français sous un titre général, Saga Fascination. Dans l'ordre, Fascination, Tentation, Hésitation et Révélation pour clore le cycle.
Je fais un pari peu risqué: les prochaines rééditions de ces livres porteront le titre du film, puisque Twilight participe pour une bonne part à la relance de Stephenie Meyer.
Cette histoire d'amour où intervient un vampire, née d'un rêve fait par la romancière, s'est révélée porteuse de succès - plus de 30 millions d'exemplaires vendus.
Mais... cette série est aussi terminée. Le cinquième volume, bien que prévu, ne paraîtra pas.
Il faudra donc que la fille de mon frère trouve autre chose.
Si elle aime la bande dessinée, elle peut espérer suivre un héros increvable: Astérix. Une mine d'or pour ses créateurs, Albert Uderzo et René Goscinny. Celui-ci, scénariste, est mort en 1977. Mais celui-là, dessinateur, a prolongé les aventures du petit Gaulois.
Au contraire des diamants, Uderzo n'est pourtant pas éternel. Il aura 82 ans cette année et la question de sa succession se pose. Le groupe Hachette, qui a racheté en décembre la majorité des parts de l'éditeur Albert-René (il publiait les albums depuis 1979), annonce qu'Astérix survivra à son créateur.
Encore que...
Sylvie Uderzo, une des filles du dessinateur, s'élève dans Le Monde contre ce projet. Membre du célèbre et irréductible petit village gaulois, nourrie à la potion magique depuis l'enfance, elle fait de la résistance contre, dit-elle, les pires ennemis d'Astérix: les hommes de l'industrie et de la finance. Et revendique la fin d'Astérix le moment venu, quand son père aura disparu - à la manière de Tintin, mort avec Hergé. Et pourtant toujours vivant, paradoxe d'une œuvre qui, interrompue ou poursuivie, reste actuelle.
Alors, suite ou non?
La question me gêne un peu. Après tout, Uderzo est toujours vivant, et voilà que l'on danse déjà sur sa tombe...