Le livre s'ouvre avec une chienne, Laïka. Les plus âgés d'entre nous s'en souviennent: elle fut le premier mammifère envoyé autour de la Terre.
La chienne Laïka mourut, peut-être asphyxiée, dans l'espace où on l'avait envoyée. Il n'avait pas été prévu de dispositif de récupération de la capsule spatiale. Le cadavre de Laïka poursuivit sa trajectoire orbitale pendant plus de six mois, avant que son véhicule rentre dans l'atmosphère et y brûle.Sinistre... Tout autant que la dernière anecdote, dont Marilyn Monroe fait les frais:
Quand on transporta Marilyn Monroe à la morgue, personne ne vient réclamer son corps.Etonnant, non? (Comme aurait dit Desproges.)
Entre les deux, on hésite souvent entre un sourire et un frisson.
Ramsès II a été inhumé dans la Vallée des Rois, tombe n° 7.
Albert Einstein a prononcé ses derniers mots en allemand, langue que ne parlait pas l'infimière qui se trouvait alors près de lui à l'hôpital de Princeton, si bien qu'on ne connaît pas ces paroles ultimes.
Tandis que les célèbres derniers mots de Goethe ("Mehr Licht") pourraient bien avoir été tout autre chose. Stéphane Audeguy suggère:
"Allons, petite femme, laisse-moi encore un moment ta chère petite patte." Ce qui est très différent.J'en conviens volontiers.
Et je signale à Stéphane Audeguy, au cas où il tombe sur ce blog, que les deux enterrements de Savornan de Brazza, explorateur, ont été, en 2006, suivis d'un troisième. (Voir, bien que je n'y parle pas de ce détail, la note que je consacrais il y a un mois à Equatoria, de Patrick Deville...)
C'est un superbe roman initiatique, où le personnage principal se trouve confronté à un univers dont il ne connaît rien, et qu'il découvre avec une belle ouverture d'esprit. Il fait siennes les causes que défendait son père. Il tombe amoureux d'une marathonienne. Il ne sera plus jamais pareil - et le dire n'est rien.
Il sera, surtout, heureux, ainsi que le montrent les dernières lignes:
Sa joie est pure comme celle du crustacé ingrat maintenant absorbé par les joies délicates de la vie en lagon, et le vent le plus fou ne nous fera pas taire, et nos mots sur la terre un immense tombeau.