Dans tous les cas, le crime aura bel et bien profité à l'éditeur et l'auteur, Geraldine Bedell, et montré à quel point il est essentiel de communiquer rapidement sur un sujet, avant que de lui laisser la possibilité de s'étendre sur la Toile. Mais Margaret Atwood, vice-présidente du PEN fait aujourd'hui son mea culpa, et nous présenterons aussi le nôtre.
Il semble bien en effet que l'auteure Geraldine Bedell, qui avait accusé le Festival du livre de Dubai, ait quelque peu manipulé les mots pour tourner la situation à son avantage. Le livre qui devait être lancé durant cette manifestation, et racontant l'histoire d'un cheikh homosexuel, entretenant une liaison avec un Anglais n'aura peut-être pas été aussi censuré qu'elle l'avait affirmé...
Car de fait, le livre ne devait pas être lancé au cours de ce festival, contrairement à ce que Geraldine avait laissé entendre : le refus des organisateurs n'était donc pas un retour express sur une position, mais bien la continuité d'une décision antérieure. Le roman n'a jamais été interdit, pas plus que les mots d'interdiction ni de censure n'avaient leur place pour qualifier la situation, rapporte le Guardian.
Un courrier de refus... daté de 6 mois
Dans un courrier en date du 18 septembre 2008, on peut découvrir quelle réponse Isobel Abulhoul avait répondu à Geraldine Bedell, au sujet de son ouvrage. Extrêmement bien écrit et promis à de belles ventes, l'organisatrice rejettait cependant l'idée d'un lancement durant le Festival, dès cette époque, et non quelques jours avant l'ouverture... « Ce n'est pas un livre que nous pouvons lancer durant le festival, pour les raisons suivantes : l'un des cheikhs est homosexuel, et un un petit ami anglais, il parle de l'islam et questionne ce qui est dit, il se situe dans le Golfe et traite de la guerre en Irak, et pourrait être un champ de mines pour nous. »
Effectivement, ces paroles, après acceptation du livre, puis finalement refus, auraient pu être interprétées comme une censure de dernière minute, mais écrites six mois avant le festival, on n'y lit plus la même chose. L'éditeur lui-même, un brin penaud, justifie en disant qu'il n'a pas de contacts directs avec l'organisation et que ses protestations ont été motivées par les informations à sa disposition...
Évidemment. Du coup, Margaret Atwood estime que sa position était basée sur de mauvais prétextes, et qu'elle tentera de prendre part à la manifestation par le biais d'une connexion satellite, pour intervenir durant un colloque sur la liberté d'expression... Une décision qu'à Dubaï, on accueille avec un soupir de soulagement...