Une des choses qui aide bien à faire passer la pilule lorsqu’on reste enfermé pratiquement 24h dans divers avions pour se rendre à l’autre bout du monde, c’est qu’on peut se gaver de films. Surtout que depuis l’invention de la VOD et des petits écrans individuels, les compagnies aériennes n’ont pas hésité à investir et proposent un catalogue assez imposant. Donc bien évidemment, comme tout bon cinéphage qui se respecte, j’ai pu profiter de ce très long voyage pour combler quelques trous dans ma culture ciné. Mais étant donné le nombre conséquent de films visionnés pendant cette période, je me suis dit qu’il était temps de faire renaître de ces cendres une des défuntes rubriques de mon ancien blog, la bien nommée « Crtitiques en vrac ».
Transsiberian de Brad Anderson
Brad Anderson est un réalisateur discret, mais particulièrement talentueux. En quelques films (dont les excellents Session 9 et The Machinist) et un excellent épisode de Masters of Horror (Sounds like, un des meilleurs épisodes de la saison 2), il a prouvé qu’il était le digne successeur d’Hitchcock et autres Robert Wise dans sa façon de créer un suspense étouffant à partir de pratiquement rien. J’étais donc impatient de le voir s’attaquer à un pur thriller, sans élément fantastique (même si dans ses précédentes réalisations tout peut s’expliquer sans recourir au fantastique). C’est donc chose faite avec ce Transsiberian, qui n’est pas sans évoquer un des chefs d’œuvres d’Hitchcock, L’Inconnu du Nord Express. A partir d’une intrigue classique (un gentil couple se retrouve mêlé malgré eux à une sombre affaire de trafic de drogue), Anderson arrive à construire un film pratiquement imprévisible de bout en bout. Non pas que le métrage soit une succession de twists, mais l’intrigue prend des détours plutôt inattendus pour qui s’attend à un décalque de Calme blanc dans un train. Car comme dans ses précédentes réalisations, ce qui intéresse Anderson ici c’est d’étudier la part sombre de ses personnages, notamment celui d’Emily Mortimer qui a visiblement du mal à s’habituer à une vie rangée aux côtés d’un homme bon et simple (Woody Harrelson, qui pour une fois ne joue pas une ordure ou un type fêlé). Le casting international fait des merveilles, Eduardo Noriega est toujours aussi on dans le rôle du bad guy au charme vénéneux (même si on aimerait bien le voir dans un autre type de prestation de temps en temps), et Ben Kingsley est comme à son habitude impeccable. Comme toujours chez Anderson, le rythme est assez lent, mais permet une implication totale du spectateur lorsque les événements se précipitent. Le réalisateur utilise parfaitement le cadre magnifique de la Sibérie enneigée et surtout celui du train, véritable piège dont il est impossible de s’échapper (et oui, c’est beaucoup plus convaincant que Piège à grande Vitesse). Avec Transsiberian, Anderson prouve une fois encore qu’il est un grand réalisateur classique (dans le bon sens du terme), capable de construire des intrigues solides et pleines de suspense.
Note : 8/10
The Rocker de Peter Cattaneo
Le film de groupe de rock est un genre que j’apprécie tout particulièrement, même s’il est souvent assez balisé. Un de ses représentants les plus prestigieux reste l’excellent Presque célèbre de Cameron Crowe, mais d’autres petits films dans le genre ont réussi à tirer leur épingle du jeu, tels le sympathique Garage Days d’Alex Proyas ou le déjanté Still Crazy. The Rocker a la particularité de mêler le film de groupe au teen movie dans un mix assez savoureux, notamment grâce à l’abattage de Rainn Wilson, vedette de la version US de The Office. Mais étonnamment, si la plupart des gags font mouche (on rit vraiment énormément et certains passages sont déjà cultes, comme celui de la webcam), ce n’est pas ce qu’on retient du film. Ce dont on se rappelle vraiment, c’est son cœur, puisque à la manière d’une production Apatow, The Rocker est aussi émouvant qu’il est drôle. Le personnage de Fish est un peu pathétique dans son envie de vivre à fond la vie de rocker et dans son refus de grandir, mais on se prend souvent à l’envier, à envier cette fougue et cette croyance en son rêve. Son personnage de grand enfant qui ne veut pas grandir rappelle d’ailleurs fortement ceux de Will Ferrell et John C. Reilly dans Step Brothers avec lequel The Rocker partage la même morale. Et si la musique du groupe de jeunes dans lequel il joue est un peu passe-partout et pas très mémorable, le film l’est déjà beaucoup plus…
Note : 7/10
Marley and Me de David Frankel
Résumé : Récemment mariés, John (Owen Wilson) et Jennifer (Jennifer Aniston) emménagent en Floride pour poursuivre leurs carrières de journalistes. Ils achètent une maison, et John se dit que Jennifer ne va pas tarder à avoir des envies de bébé. Sur les conseils de son meilleur ami, et afin de détourner l’attention de Jennifer, il offre à celle-ci un adorable petit chiot labrador qu’ils prénomment Marley. Mais ce qui semble être une bonne idée va vite s’avérer plus compliqué que prévu car Marley est une véritable catastrophe ambulante…
A première vue, Marley and Me n’a que peu d’atouts en sa faveur, mis à part son couple d’acteurs vedettes (j’adore Owen Wilson et Jennifer Aniston ben c’est Jennifer Anniston quoi). Il faut avouer que le nom du réalisateur (responsable du peu mémorable Le Diable s’habille en Prada) ne motive pas trop à se déplacer, et que le pitch et la bande-annonce laissent attendre un sous-Beethoven (mais si voyons, je suis sûr que vous vous souvenez de ce gros saint-bernard pataud qui vous a fait mourir de rire lorsque vous étiez gosse). Et pourtant, s’il est très loin d’être un chef d’œuvre, Marley and Me est un film beaucoup plus réussi qu’il ne le laisse paraître. Car au lieu de jouer la carte de la grosse comédie qui tâche avec un maximum de gags sur les dégâts occasionnés par Marley, le film est plutôt une peinture assez réaliste de la famille et de la place que peut avoir un chien dans celle-ci. Pas étonnant, puisque le film est tiré d’un livre de John Grogan, célèbre chroniqueur qui racontait toutes les semaines ses aventures avec son chien. Du coup, si les gags font mouche, ce n’est pas parce qu’ils sont spécialement énormes et délirants mais au contraire parce qu’ils sentent le vécu et que n’importe quelle personne ayant eu un chien un tant soit peu turbulent dans sa vie se reconnaîtra forcément dans l’une ou l’autre des situations décrites. On suit donc avec plaisir la vie de ce couple ordinaire (si ce n’est qu’ils sont tous les deux journalistes), dans leurs doutes, leurs petites crises, leurs joies et leurs pleurs, tout cela rythmé par les facéties de leur partenaire canin, « le pire chien du monde ». Owen Wilson et Jennifer Aniston sont tous les deux impeccables et crédibles et l’émotions pointe souvent le bout de son nez (lors de la première grossesse ratée de Jennifer par exemple). Et le final très émouvant fera certainement pleurer beaucoup de monde, et pas seulement les personnes ayant eu un jour à enterrer leur fidèle compagnon. Rarement long métrage aura su retranscrire aussi bien la place que peut occuper un chien dans la vie d’une famille, et si Marley and Me n’est pas un chef d’œuvre, il possède néanmoins ce petit supplément d’âme qui lui permettra de rester dans les mémoires un peu plus longtemps que la moyenne…
Note : 7/10
How to lose Friends and alienate People de Robert B. Weide
Résumé: Rédacteur en chef d’un petit magazine people londonien, Sidney Young (Simon Pegg) voit sa vie basculer lorsque le magnat de la presse people Clayton Harding (Jeff Bridges) lui propose de venir bosser pour le célèbre magazine Sharps à New York. Simon y voit la chance d’enfin percer dans le milieu et de côtoyer des stars. Mais son franc-parler et sa maladresse naturelle vont lui attirer de sérieux ennuis…
Révélé sur la scène internationale par le génial Shaun of the Dead, mais déjà connu au Royaume-Uni grâce à l’hilarante sitcom Spaced, Simon Pegg est en train de devenir une des valeurs sûres de la comédie. Et si les films dans lesquels il apparaît ne sont pas toujours exceptionnels, on peut néanmoins compter sur l’acteur britannique pour délivrer de très bonnes performances. Dans How to lose Friends and alienate People, il s’attaque cette fois aux coulisses du star system et au monde de la presse people, un peu à la manière du Diable s’habille en Prada, mais en un peu plus virulent. La première partie du métrage est ainsi particulièrement jouissive, Weide s’amusant à taper sur tout ce qui bouge : la façon dont les agents monnayent les articles élogieux sur leurs protégés auprès des magazines (excellente Gillian Anderson dans un rôle encore une fois trop court), le polissage des articles dans ces mêmes magazines pour ne froisser personne, les « coups de folies » totalement planifiés des stars pour faire la une des tabloïds, etc. Au milieu de ce petit monde policé, le personnage de Pegg est une vraie catastrophe, enchaînant gaffe sur gaffe, ne respectant aucune convention, un peu à la manière d’un Peter Sellers dans ses plus grands succès. Dommage que la seconde partie soit plus conventionnelle, avec son histoire d’amour téléphonée entre Pegg et la toujours délicieuse Kirsten Dunst (délicieuse mais qui a un peu trop tendance à se laisser enfermer dans les rôles de gentilles filles un peu niaises ces temps-ci) et sa morale prévisible (c’est mal de vendre son âme pour la célébrité et le pognon). Du coup le film reste sympathique mais plutôt anecdotique, malgré son casting de choc. Gageons que notre trublion préféré fera mieux la prochaine fois…
Note : 6/10