Evitons de tirer sur l'ambulance, ne serait ce que par esprit de charité. Ainsi, ne soyons pas trop sévères avec THE PRODIGY. C'est vrai quoi... Vous vous souvenez comment ce groupe a obtenu la " consécration " de par chez nous ? C'était à la belle époque de Fun Radio, version Doc & Difool, et Max en prétendu fin connaisseur de la scène electro / ambient ( une supercherie impardonnable ! ). A l'époque Fun matraque les ondes avec le " Firestarter ", un single explosif et tordu, une petite bombe technoïde et déjantée, qui trouve son jumeau avec le très macho et provocateur " Smack my bitch up ". Des titres qui assaillent les oreilles, frappent comme des uppercuts, braillés par un grand escogriffe à la crête punk et au rictus menaçant. Bien sur que ça sent gros le produit marketing, mais bon, c'est énergisant, du Red Bull avant l'heure, et ça trouve facilement son public.
Quid de Prodigy une décennie et quelque plus tard ? Le désert artistique, comme si le napalm des premiers albums ( n'oubliez pas non plus le bien nommé Music for the Jilted generation ) avait définitivement grillé le terrain, ne laissant que cendres et scories derrière lui. Derrière la cacophonie et les déflagrations sonores des plus stériles, plus rien de folichon n'est jamais plus sorti de la bande à Liam Howlett. Alors en cette fin février, le nouvel album ne fait guère exception. Inspiration ? Zéro. Puissance de feu ? Même pas, on a connu nos prodiges bien plus mordants. Innovation ? Allons, vous voulez rire, on parle de The Prodigy, là, vous comptiez sur eux pour bouleverser la scène hardcore ? Bref, en voilà une belle grenade désamorcée, une bombette inoffensive, pas plus méchant qu'un pétard dans une fête foraine. Perdu quelque part entre un Bloc Party survitaminé, et un sous Orbital sous amphétamines, Invaders must die confirme un vieil adage : ce n'est pas toujours beau de vieillir. Et ce n'est pas Difool et Sky ( la radio du rap, désormais ) qui diront le contraire. ( 4/10)