Magazine Politique
La période actuelle est dominée par un retour en force de la notion de "classes". C'est une ambiance inquiétante pour le Modem car elle bipolarise le climat.
Avec la crise économique, bien davantage avec celle des Antilles, le concept de classes refait surface dans la politique Française à la vitesse turbo.
Cette logique d'opposition des classes redevient d'actualité avec une force incroyable. Le "bouclier fiscal" s'opposerait aux aides à la classe moyenne. Cette dernière serait victime des aides aux plus défavorisés … L'antagonisme des classes se réinstalle comme grille de lecture des rapports sociaux.
C'est un premier échec pour l'actuel pouvoir car cette grille de lecture installe une "parole de gauche" qui ne peut que lui être défavorable à terme.
C'est une évolution très inquiétante pour trois raisons.
Tout d'abord, le "partage" peut impliquer la généralisation des conflits. Nous sommes dans une période où l'opinion a le sentiment que les intérêts ne sont plus communs parce que le revenu national à partager diminue.
Ensuite, chacun adapte désormais sa grille de lecture des annonces présidentielles à la question : que touche la catégorie qui me concerne ? Cet intérêt de classe crée des réflexes dangereux en période de crise économique.
Enfin, le succès même de la lutte des classes repose sur un postulat qui est qu'un individu appartenant à une classe considérée estime que l'amélioration de sa situation ne peut être que le résultat d'une action collective pour obtenir des avantages pris à d'autres catégories sociales.
La classe devient alors un sentiment d'appartenance plus fort que la communauté nationale et devient un agent de transformation de la société.
Le phénomène de classes repose sur la rivalité, donc la tension et une certaine forme de violence.
C'est une logique nouvelle des rapports avec le pouvoir.
Avec cette grille de lecture de l'action politique, le pouvoir est entré dans une conception très archaïque des rapports sociaux.
Dès que le Président s'associe à cette logique de rivalités voire de conflits, il prend d'énormes risques. C'est aussi une forme d'échec que de constater que dans la crise, le " progrès " s'accompagne d'un tel retour en force d'une grille de ce type d'analyse de la société.
Cette grille est également inquiétante pour le discours présidentiel de François Bayrou car sa démarche est hors les "classes" habituelles ou à la recherche des conciliations. Mais l'esprit de l'opinion est-il toujours à la conciliation ?