Sur un marché de nuit au sud de Taiwan, mon estomac a eu la chance d'ajouter à son palmarès de plats exotiques et singuliers la chair délicieuse du poisson exocet, un poisson très particulier car non content de nager entre deux eaux, il a la capacité d'en sortir pour voler sur de courtes distances.
Leur caractéristique principale est leurs nageoires pectorales, inhabituellement larges, qui leur permettent de faire de courts vols planés hors de l'eau dans le but d'échapper aux prédateurs.
Pour se préparer à un vol plané, le poisson nage rapidement près de la surface de l'eau, avec ses nageoires repliées le long du corps. Lorsqu'ils sortent de l'eau, ils les déploient pour prendre leur envol. Les distances parcourues oscillent entre 30 et 60 mètres mais peuvent aller parfois jusqu'à une centaine de mètres.
Ce poisson est pêché principalement par Les Yamis, appelés également Dawus qui vivent sur l'île des orchidées, située à 80 kilomètres à l'Est de la pointe, au sud de Taïwan. Eux-mêmes se nomment "Tau" (hommes) que la transcription phonétique chinoise rend par "Dawu". La pèche aux exocets se déroule de mars a juin. Elle commence par une pêche rituelle nocturne, dans un grand bateau, au début du mois de mars. Munis de torches, les pêcheurs attirent les poissons volants vers leur bateau, puis les capturent avec un épervier. Les exocets servent ensuite d'appât pour prendre d'autres poissons.
Le 1er mai, les Dawus accomplissent, dans des petits bateaux, une autre pêche rituelle, mais diurne celle-là. Ils utilisent des crustacés pour appâter des exocets, puis utilisent ces derniers pour appâter une espèce de poissons-sabres. Mai et juin sont des mois sans répit pour les pêcheurs, car ils doivent sortir la nuit pour les pêcher les poissons volants au filet jeté et sortir le jour pour les attraper à la ligne.