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Se former pour assurer l'avenir !

Par Pitoune

image Tout cela fait peur. Le chômage n'est pas facile à vivre. En plus, cela est très mal vu. J'en sais quelque chose. Au mois d'avril cela va faire 1 an que je fais du gain intermédiaire à la Fnac. Je suis très heureuse d'avoir ce poste en plus cela me permet de faire des cours du soir.

La récession frappe aux portes de la Suisse et le monde du travail se prépare pour affronter la crise et éviter les dérives sociales liées au chômage. De l'avis de nombreux experts, miser sur la formation et l'éducation est le meilleur moyen de surmonter l'épreuve et de préparer la reprise.

Ces dernières années, la Suisse a connu une croissance forte et prolongée. Le produit intérieur brut a gagné entre 2 et 3% par an et quelque 300'000 nouveaux emplois ont été créés dans le pays.

Et pourtant, on a observé relativement peu de progrès en matière de sécurité sociale durant cette période. C'est en tout cas l'avis de l'oeuvre d'entraide Caritas. Malgré une conjoncture favorable, le taux de chômage en Suisse (2,6% en 2008, l'un des plus bas en Europe) n'est pas redescendu au niveau de 2001. Et le nombre de personnes qui recourent à l'aide sociale – 245'000 en 2006, soit 3,3% de la population – n'a pas diminué de manière significative.

«La Suisse s'est mal préparée au ralentissement conjoncturel qui se dessine pour les années à venir», fait remarquer Fulvio Caccia, président de Caritas. L'augmentation des personnes sans emploi, en particulier parmi les jeunes et le personnel peu qualifié, de même que les répercussions financières sur l'aide sociale et l'assurance chômage, sont les points les plus préoccupants qui émergent de ce constat.

Pour surmonter la récession provoquée par la crise des marchés internationaux, les observateurs estiment, qu'il est nécessaire d'agir différemment et d'éviter de répéter les mêmes erreurs.

Contrer la spirale négative

«Pour affronter un problème d'ordre conjoncturel tel que le chômage, il est inutile de recourir à des solutions de type structurel», déclarait le politologue Giuliano Bonoli, professeur, auprès de l'Institut des Hautes études en administration publique (IDEHAP) de Lausanne, à l'occasion d'un forum organisé par Caritas.

«Au cours des crises précédentes, certains pays européens ont envoyé de nombreux travailleurs en retraite anticipée ou à l'assurance invalidité. Et lors de la reprise, ces personnes n'étaient plus sur le marché du travail», relevait l'expert.

Selon Giuliano Bonoli, la Suisse doit accorder la priorité aux mesures qui permettront d'éviter les conséquences sociales négatives du chômage et d'empêcher la spirale (perte de compétences et de l'estime de soi), qui menace celles et ceux qui perdent leur emploi.

«Il faut réorienter la politique du marché du travail en mettant l'accent sur la réinsertion professionnelle et en valorisant davantage la formation.»

«Si nous sortons de cette impasse avec, au bout du compte, une population active moyenne mieux parée, la Suisse pourra profiter pleinement de la reprise économique le moment venu», estimait le politologue.

Des emplois pour les chômeurs

A ce titre, le Danemark offre un exemple intéressant. «Au début des années 1990, lors de la dernière grande récession avec un taux de chômage de 12,8%, l'Etat avait incité les salariés à prendre un congé de formation d'une année et les employeurs à se tourner vers des chômeurs et à les engager durant cette période», rappelle Giuliano Bonoli.

Cette stratégie a permis d'atteindre deux objectifs: «Le niveau de formation des personnes actives s'est amélioré et les personnes sans emploi ont gardé contact avec le monde du travail».

La question de la formation et des qualifications professionnelles devrait jouer un rôle crucial au cours des années à venir. «La demande en travailleurs peu qualifiés va diminuer, alors que celles des personnes mieux formées va augmenter», prédit Boris Zürcher, économiste auprès d'Avenir Suisse.

Santé et bien-être

«Les courbes de la productivité et de la création d'emplois, explique encore Boris Zürcher, montrent quels sont les secteurs qui sont appelés à émerger. Ainsi, la santé, les services liés au bien-être en général et l'enseignement offrent de belles perspectives.»

«A l'inverse, les domaines qui ont déjà épuisé leur potentiel de productivité, comme la finance, les assurances, les télécommunications ou les transports, vont stagner.»

L'avenir de la Suisse semble donc sourire aux médecines spécialisées, aux branches du «wellness» et à la formation. Mais alors, que faire des travailleurs – qui comptent un nombre élevé d'étrangers – peu qualifiés? Les propositions ne manquent pas.

Intervenir le plus tôt possible

Pour la conseillère nationale Pascale Bruderer, l'offre de la formation professionnelle doit être étendue «aux jeunes en difficultés scolaires et plus doués pour les travaux pratiques, afin qu'ils disposent eux aussi une chance d'obtenir un diplôme», demande la députée.

Pour la socialiste, il faut agir au plus tôt, à titre préventif: «L'égalité des chances doit être promue dès la petite enfance. En dotant les enfants d'un solide bagage linguistique et social dès les premières années de la vie, ces derniers ont plus de chances de devenir des jeunes adultes responsables et autonomes».

«Nous ne pouvons pas oublier les jeunes qui grandissent dans des foyers démunis, comme c'est souvent le cas des immigrés, ajoute de son côté Carlo Knöpfel, auteur de l'Almanach social 2009, de Caritas. Sans diplôme de fin d'apprentissage ou de fin d'études, prévient le spécialiste, une personne présente un risque trois fois supérieur de perdre son emploi.»

Un choix culturel

Pour Boris Zürcher d'Avenir Suisse, le potentiel et les ressources des étrangers doivent être mieux exploités. L'économiste rappelle aussi qu'aucun pays ne présente un taux d'intégration aussi élevé et de chômage aussi bas que la Suisse. «Offrons la possibilité à ceux qui le désirent de travailler davantage. On a fait la même chose aux Etats-Unis où, grâce à la main d'œuvre étrangère, les magasins peuvent rester ouverts 24 heures sur 24», suggère-t-il.

«Il existe de nombreux débouchés alternatifs, affirme à son tour Philippe Ambühl, directeur de la fondation 'Intégration pour tous'. Dans les hôpitaux par exemple, ou auprès de familles monoparentales; on pourrait créer des emplois pour les personnes dépourvues de diplômes mais dotées des compétences sociales nécessaires.»

«Mais avant tout, nous devons nous demander si nous sommes prêts ou non à nous engager en faveur d'un tel changement de société.»

Source et date de l'article SwissInfo.ch 22.02.09

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