"La Couronne de plumes", c'est l'histoire d'une jeune fille juive, Akhsa. Orpheline, elle est élevée par Nesha, sa grand-mère, et reb Naftali, son grand-père. Akhsa réunit tous les talents, tous les dons qu'on peut souhaiter à une jeune fille. Elle est encore très jeune lorsqu'on cherche à la marier, mais sa grand-mère se montre très exigeante sur le choix du prétendant... tant et si bien que lorsque Nesha meurt, la question n'est pas encore tranchée.
Reb Naftali décide alors de prendre les choses en mains et, lui-même étant bigot, il choisit comme époux pour sa petit fille un petit homme sans charme et rabougri, intégriste et violent, nommé Zemach. Akhsa n'est pas très enthousiaste, mais ne se voit pas contrarier le souhait de son grand-père. Le jour du mariage, pourtant, elle entend la voix de sa grand-mère s'écrier à son oreille « On t'a refilé de la camelote ! » Et elle dit "NON".
Dès lors, isolée dans sa chambre, elle dépérit de honte. Et son grand-père en fait de même. Au bout de quelques jours elle quitte le lit, mais pour son grand-père il est déjà trop tard : cette contrariété a été l'épreuve de trop, il meurt déçu.
Akhsa, en proie aux valeurs dans lesquelles elle a été éduquée, esclave de toutes les formes de soumission et de superstition, passe alors par tous les états nerveux et tous les tourments possibles. Elle rencontre alors un châtelain chrétien qui l'amène à renier la foi juive et à se convertir. Elle l'épouse et vit bon train un court moment. Puis il l'abandonne.
Alors Akhsa, apercevant la dernière voie, celle de la rédemption, abjure une nouvelle fois ses croyances et part sur les routes à la recherche de son "fiancé" pour qu'il absolve sa vie de péchés...
Religieusement parlant, c'est du lourd, du costaud que cette intrigue pondue par un juif polonais. Mais Isaac Bashevis Singer écrit magnifiquement et montre un vrai talent de conteur. Il s'agit bien sûr de critiquer le poids de la religion, et de dénoncer une vie vécue pour rien, dans l'erreur des fanatismes et de la soumission volontaire. Mais la langue reste simple, le ton n'est pas sentencieux ni moraliste, les dialogues sont vivants et sonnent vrai, et me rappellent Le Chat du rabbin.
Et c'est publié dans cette très belle collection La Cosmopolite, aux éditions Stock. Façon pour moi de boucler la boucle de mes lectures d'été. Si vous me suivez...
50 pages, in La Couronne de plumes, coll. La Cosmopolite - 11 €