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Le don d'organe, dans la perspective d'un projet de société humaniste

Publié le 22 février 2009 par Nellym67
Le don d'organe, dans la perspective d'un projet de société humaniste

Alors que la crise met l'accent sur l'obligation de repenser les modèles sociaux, économiques et financiers, on oublie d'autres grandes causes déjà enclenchées précédemment et qui s'inscrivent de manière vraiment compatible avec la perspective d'un projet de société solidaire et fondé sur d'autres valeurs que celles de la consommation absolue par l'endettement massif et dérégulé, et sur la loi du plus fort.


En décembre 2008, François Fillon annonçait que la Grande Cause Nationale 2009 reposait sur le "don d'organes, de sang, de plaquettes et de moelle osseuse" :
"[...] car malgré les efforts et l'engagement de la société civile, "les besoins non couverts demeurent préoccupants", selon les termes d'un communiqué de Matignon. Les besoins concernent les produits sanguins pour un million de malades chaque année ; en plaquettes et en moelle osseuse pour des milliers de personnes atteintes de maladies graves comme les leucémies. Elles concernent aussi les dons d'organes : l'année dernière, 4 666 malades ont bénéficié de greffes mais 13 000 patients sont encore en attente et 227 personnes sont mortes faute de greffe. "
Je voudrais surtout vous parler d'un livre que j'ai lu l'année dernière, Auprès de moi toujours de Kazuo Ishiguro publié en 2005 donc bien avant la crise. Dans le cadre d'un roman d'anticipation, dont l'action se déroule au Royaume-Uni, l'auteur imagine une société dans laquelle on clone des êtres humains qu'on va "éduquer" en milieu clôt et isolé afin de les rendre prêts aux dons d'organes, et uniquement à cet objectif. Sans famille, sans relations avec la société réelle hormis à l'âge adulte dans les hôpitaux au moment d'effectuer les dons, ces individus dénaturalisés et déshumanisés n'en éprouvent pas moins des émotions, des sentiments et des doutes, même s'ils ne peuvent une seule seconde remettre en cause leur vocation de donneurs; vocation qui les conduit à une mort précoce avec la sensation du devoir accompli. Le but de leur vie : donner leurs organes à une société qui feint d'ignorer leur existence jusqu'au jour où elle en a besoin...
Sans aller plus loin dans le récit afin de vous encourager à ouvrir ces pages, le but de ce billet est surtout de poser une question : devons-nous vraiment attendre que la science nous donne les solutions pour sauver les personnes, solutions s'inscrivant également hors des champs de l'éthique et de la régulation, ou devons-nous profiter de cette crise pour intégrer dans notre projet une nouvelle définition de l'humain? L'humain n'est rien sans la communauté des hommes, elle-même divisée en différentes communautés, mais s'appuyant sur des liens qui reposent sur l'amour, la reconnaissance, le sentiment d'appartenance, critères oubliés dès l'apparition de la loi du plus fort qui instaure dans les relations la concurrence, la haine et la défiance... Je ne souhaite pas sombrer dans l'angélisme de l'homme naturel bon, mais simplement rappeler qu'il le peut, et même qu'il le doit en ce moment. La solidarité régule toutes les relations et tous les actes... Elle n'est pas généralisée mais on sent quelques élans et prémisses en ce moment dans les différents mouvements de foule... parce qu'elle naît d'une révolte et non d'un ordre venant de l'homme providentiel.

L'organe qu'on peut donner ou recevoir, c'est le symbole charnel de ce qui rapproche les hommes : une identité dans la composition de notre organisme, partie intégrante de notre personnalité et donc de toutes les étapes de notre vie et de nos choix.

Le don d'organe, dans la perspective d'un projet de société humaniste
Le don d'organe est sans doute une des questions centrales de la solidarité que nous devons intégrer dans le projet de société à construire en réaction à la crise et aux antipodes de celui qui nous est proposé aujourd'hui par la "rolex-band". Je n'ai pas l'impression après de multiples lectures que ce point soit abordé par Roselyne Bachelot dans le cadre de son plan "Patients, santé et territoires" puisqu'il traite de la gestion avant de s'intéresser à la dimension solidaire; ce qui peut paraître aussi un peu dommage alors qu'on est dans l'année de la Grande Cause nationale du Don d'organes...

Words words words...


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