Au contraire, la situation aux Antilles révèle un malaise aussi profond qu’un mal être déjà perceptible avant la crise, mais que l’arrogance gouvernementale a préféré nier. Les marques de mépris ne s’effacent pas, même au prix de 580 millions d’euros.
Les médiateurs dépêchés sur place n’y peuvent rien. Alors que l’Outre-mer avait déjà dû se contenter d’un Secrétaire d’Etat, ses habitants avaient déjà compris qu’ils devaient se contenter d’un sous-ministre, d’ailleurs promptement rappelé par Matignon sous prétexte qu’Yves Jégo se montrait trop à l’écoute, trop prompt à céder.
Trop tardif en tout cas, le plan de rattrapage des Antilles s’apparente au même saupoudrage du plan de relance national que les Français estiment majoritairement injuste. Ils ont, en effet, compris que pour les plus pauvres, comme pour les classes moyennes, les allégements comme les primes et les mesures fiscales sont réversibles. Non seulement, le compte n’y est pas, mais pour l’essentiel, il s’agit de calmer les esprits alors que pour les plus aisés, voire les plus riches, il n’est pas question de revenir sur les cadeaux offerts, voire de toucher ne serait-ce que symboliquement au bouclier fiscal.
S’agissant de la retraite ou du pouvoir d’achat, les avantages acquis sont remis en cause, jamais les privilèges octroyés aux puissants. Plus que les discours, l’inefficacité des plans gouvernementaux successifs cristallisent désormais un sentiment d’injustice qui gagne du terrain, allant même jusqu’à structurer un clivage Gauche-Droite que durant sa campagne Nicolas Sarkozy avait en bonne partie réduit.
Qu’il le veuille ou non, après les protestations de dépit, Nicolas Sarkozy doit de plus en plus se préparer à répondre aux manifestations de mépris.
Premier Secrétaire Fédéral de l’Aisne du Parti Socialiste.
Jean-Jacques Thomas