L'autre jour, j'ai regardé le film documentaire J'ai (très) mal au travail. Je vous le conseille. De la belle ouvrage, Fascinante, comme dit là.
Ca plombe évidemment un peu, pas très beau tout ce qu'on voit, mais pas que moche d'autant que le film n'est pas du genre à donner dans le cliché et le raccourci. Au contraire. Ca fouille, ça racle, ça analyse, ça essaie d'éclairer. Et c'est ma foi saisissant en ce que ça révèle toute une évolution de la société, de la vie sociale, avec comme corolaire la solitude, la peur, le phénomène de groupe, le lavage de cerveaux, les capacités d'adaptation.
J'ai retenu deux phrases, l'une dite par un sociologue (Andreu Solé, avec un avis en bonus ici), qui se demande ce que les parents d'aujourd'hui transmettent à leurs enfants, en terme de rêves et de peurs. L'autre d'un représentant du MEDEF, qui indique qu'avant, les jeunes étaient décimés par les guerres et que maintenant, c'est dans l'entreprise. Ce n'est pas si mal, dit-il.
Jean-Michel Carré, le cinéaste; explique : " Après un film tourné avec les mineurs de charbon au Pays de Galle, qui ont pris le risque de racheter leur outil de travail pour s'assurer la maîtrise de leur destin; et un autre film sur des travailleurs sociaux dont le métier est d'accueillir et d'aider ceux qui sont privés de travail, j'ai eu le désir de comprendre, entre ces deux extrêmes, la montée du mal-être au travail dans la société actuelle. Comprendre comment, de manière insidieuse, se sont mises en place de nouvelles organisations de travail, avec des conséquences souvent désastreuses sur tous les salariés à tous les niveaux de la hiérarchie. [...] L'absence de travail déleste l'individu et lui retire le sentiment d'utilité de son existence. Qu'est-ce que le travail pour chacun de nous ? Quelle place occupe-t-il dans notre construction identitaire, dans notre participation au monde et que pourrait-il être ? Y'a-t-il autre chose dans le travail de beaucoup plus important sue l'on ne dit pas, que l'on ne se dit pas, ert auquel on ne pense pas tant qu'on le possède ? "
Le film évoque notamment une enquête. Menée auprès de 6000 personnes, elle a révélé une conclusion étonnante: le travail arriverait en deuxième position comme condition du bonheur, après la santé mais devant la famille, l'argent et l'amour.