C’est une aurore minérale. De roche et de braise. Le grain fonde des sommets. De la couleur, jaillissent des roches, des crêtes : la cordillère de nos enfances. Entre les abîmes : le vertige de vivre. C’est une aurore sidérale. D’orage et d’incendie.
Quand le bleu étreint le rouge, que les glaciers se fondent dans la lave, c’est l’irruption, l’opéra fabuleux de pigments. La mer au ventre gonflé de tempête craquelle le feu… et réinvente l’écume, et le vent, et la matière du monde.
A cet endroit du tableau, dans l’oblique mauve de la rencontre, vous avez envie de pleurer. Ca vous saisit de loin, c’est un souvenir sans trace, une aurore aux doigts de rose. A cet endroit du tableau, deux couleurs, des luttes et des espoirs, l’amour raconté en une déchirure sur la toile des jours. L’absence est imminente, le désir encore brûlant. Les retrouvailles sont coincées dans ce temps, coincées dans ce cadre, et fuguent en vue du premier jour.
La déchirure devient suture. Quelque chose se noue, en nous, au cœur du tableau. C’est la réconciliation des éléments. L’étreinte de couleurs. Le bleu qui devient rose, le rose qui glisse au dehors des lisières… et disparaissent les amants au-delà de tout tableau.
C’est l’aurore de l’humanité. La nuit échappée de toute mémoire. Celle dont sourient les peaux de femmes, celle dont se réveillent les nudités.
L’aurore de granit et de sable, la fresque désidérée de l’histoire.
L’aurore aux doigts de rose.
SonYa Sandoz, Aurore aux doigts de rose, 19 Février 09.
Son blog: auxtempesdesmiroirs.hautetfort.com
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Bona Mangangu. Aurore aux doigts de rose, Huile sur toile 40P, Collection particulière.
Merci encore, petite fille!