Régulièrement, les médias nous informent des dernières recherches scientifiques sur la sélection et la manipulation génétique. Il y a toujours, en illustration, une
souris ou une drosophile qu'on a trafiquée. Bref, si l'on en croit les apprentis sorciers des tripatouillages de gènes, l'homme, dans un avenir à moyen terme, pourrait vivre, et vivre "bien",
jusqu'à 150 ans, voire même 200. Ce serait bien sûr une révolution aussi conceptuelle que biologique. Le rapport au temps en serait changé. Le rapport à l'organisation sociétale itou.
Moi qui viens de dépasser le demi-siècle, je ne me vois pas en prendre encore pour cent ans. Ma vie n'est pas si pitoyable mais elle n'est pas non plus si exaltante que je veuille ainsi prolonger
le bail. Me dire que j'ai encore vingt-cinq ou trente ans à tirer dans cette vallée de larmes me rassure. Au-delà cela me serait insupportable. Sans provocation et sans vouloir espanter quiconque
je dis et je redis : "Vivement la mort !"
PS : Caution parmi les cautions, Lacan ne disait pas autre chose. La certitude de mourir rend tolérable l'abjection de vivre.