Roman d'espionnage - 530 pages
Editions Flammarion - Janvier 2007
La jeune Juliette est militante écologiste que l'idéalisme a conduit à s'engager pour une mission de libération d'animaux de laboratoires en Pologne. Cependant, ses commanditaires s'apprêtent à l'entraîner au sein d'un complot bien plus vaste de l'écologie radicale qui la mènera au Colorado, en Afrique du Sud puis au Brésil.Où l'on reparle du Gang de la clé à molette d'Edward Abbey (roman qui a marqué les premières générations de l'écologisme radical et qu'a lu J.-C. Rufin)... L'écologisme mondial n'est pas partout aussi gentillet et pacifique que l'image des Verts français et européens véhicule. Il existe également des organisations bien plus radicales qui n'hésitent pas à agir dans l'illégalité, voire à tuer. Pour certains groupes d'activistes, l'espèce humaine menace la planète en ayant acquis trop de droit sur l'environnement et sur les autres espèces. Leur solution est purement et simplement d'éliminer des hommes, un grand nombres d'hommes et de femmes, en ciblant les populations pauvres du tiers-monde dont la démographie est galopante. Ils n'ont pas non plus les moyens financiers et technologiques de rétablir les dommages qu'ils causent à la Nature et sont, de ce fait, la première menace à éradiquer.
Paul et Kerry sont eux recrutés par l'agence de renseignements privée Providence pour enquêter et tenter de démanteler les groupes éco-terroristes qui fleurissent en Occident et planifient des opérations extrêmistes. Et il y a urgence quand la défense de l'environnement se traduit par une lutte contre l'espèce humaine qui viserait à rétablir l'équilibre des forces vivantes sur la Terre...
Extrait :Alors, reste à trouver une arme, et ce pourrait être une forme résistante du Vibrio cholerae, ce vibrion qui cause le choléra, maladie qui touche particulièrement les couches pauvres et destabilisées des pays du tiers-monde...
"Au milieu du village, un petit cours d'eau issu d'une source située un peu plus haut serpentait sur un replat. D'étroits canaux alimentaient des citernes en terre, à côté des maisons. On y puisait l'eau pour les humains et les bêtes. Il ne subsistait évidemment aucune trace du passage du choléra. D'après ce que Paul avait lu, la maladie avait fait neuf malades dans le village et le seul mort de l'épidémie. [...] La nuit était tombée sur le port. Faute de moteurs pour emplir l'air de leur vrombissement, l'espace était occupé par les voix des passants, de lointains accords de guitare venus d'un café voisin et entourant la ville, par les aboiements d'innombrables chiens qui se répondaient de mur en mur à travers les champs. Paul s'étendit sur son lit, déclenchant une cacophonie de ressorts. Une grande tâche jaunâtre, au plafond, témoignait d'une inondation passée. Elle dessinait comme une île avec ses criques, ses caps et même, par ses variations de teinte, ses reliefs. Soudain, Paul se redressa. Une phrase du professeur Champel lui était revenue à la mémoire :
- Les îles, lui avait-il dit, sont de véritables petits laboratoires. "
Malgré le grand intérêt de son sujet, le roman de Jean-Chistophe Rufin peut décevoir. Les chapîtres ne sont pas tous très haletants et on peut trouver parfois les pages un peu longues lorsqu'on se trouve à mi-parcours de l'histoire. Son message passe beaucoup plus efficacement par sa post-face qui explique les raisons de son livre et les sources qu'il a utilisées. En bâtissant un scenario autour de ce fanatisme dont on parle encore peu alors qu'il est considéré aux Etats-Unis comme deuxième menace terroriste, l'auteur réussit à nous divertir en nous alertant. Les portraits qu'il fait de ses personnages nous les rendent attachants, et les descriptions des lieux (notamment Rio de Janeiro) sont empreints de la vraisemblance de celui qui les a pratiqués.
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