En 2004, j'avais goûté des bouteilles de Château Planquette (2000 et 2001): je les avais beaucoup appréciées. Depuis, j'avais l'idée de rendre visite à ce producteur. Les emplois du temps des uns et des autres, ce n'est jamais facile à gérer. Ce qui fait que l'on s'est raté les années précédentes...
Et puis, la semaine dernière, devant nous rendre à Haut-Marbuzet, j'ai redemandé à Didier s'il était disponible le matin. Il l'était. On allait enfin se rencontrer! Nous sommes partis à 8h du matin pour arriver à 10h00 à Saint-Yzans.
Didier nous attend, avec déjà deux vins à nous faire déguster: le 2004 et le 2003. Le 2004 a un beau nez de fruits noirs, d'encens, et une légère pointe de toasté. La bouche est bien mûre, les tannins encore un peu fermes, mais c'est un beau vin, bien droit, avec du fruit (pas noyé sous le bois, quoi...)
Le 2003 est plus sur le fruit compoté, avec un côté presque languedocien. On sent la puissance et le côté solaire du millésime. Didier nous dit alors que la bouteille est ouverte depuis une quinzaine de jours alors qu'il n'avait pas été sulfité à la mise. Force est de reconnaître qu'il est d'une résistance incroyable pour un "vin sans soufre", car s'il n'est pas renversant, il est encore tout à fait bon.
Au sujet du SO2 dans le vin, Didier nous explique qu'il ne fait pas de l'idéologie en la matière. Il n'est pas contre le SO2 à tout prix. Il y a juste des moments où il est utile, et d'autres où il ne sert à rien. Il en met donc à l'encuvage lorsque c'est nécessaire (état sanitaire "limite"), ce qui ne pose pas de problème, puisqu'il aura complètement disparu à la fin de la fermentation alcoolique. Puis il en remet éventuellement à la fin de la fermention malo-lactique. Le vin ne produisant plus de CO2, il ne sera plus protégé par celui-ci et devient donc plus sensible à l'oxydation. Après cette phase difficile, il estime qu'en général, il n'est plus indispensable de protéger, y compris à la mise (Didier, tu me reprends si je me trompe ).
Didier nous ouvre une bouteille "neuve" de 2003 pour que l'on voye la différence. Au nez, nous sommes remontés dans le Bordelais: le fruit noir est de retour, crémeux, balsamique. En bouche, c'est dense, puissant, avec de la sève,une grande fraîcheur, mais aussi de la profondeur. Du beau Bordeaux! C'est d'autant plus étonnant que ce vin n'a pas obtenu l'agrément de l'appellation. Mais bon, ce jour-là, un autre château qui l'avait présenté ne l'avait pas eu non plus. C'était Sociando-Mallet !!! Ce dernier l'a représenté. Didier, non. Il l'appellera tout simplement Planquette au lieu de Château Planquette. A ce sujet d'ailleurs, Didier nous a expliqué que lorsque l'on dépose un nom de domaine bordelais, le mot château est déjà écrit sur le document administratif. Il y a juste à remplir la case qui suit...
Nous faisons ensuite un tour dans les différents locaux techniques. D'abord au chai de dégustation (et de stockage des bouteilles), joliment réaménagé où Didier récupère des verres.
Puis au cuvier où nous goûtons le 2005, prêt à être embouteillé. Que dire si ce n'est que c'est une merveille d'équilibre. Ce vin a tout: fruit, puissance, intensité, fraîcheur, et une texture, mes aïeux... A réserver de toute urgence!
Nous passons au 2006 actuellement en barriques: celui-ci pète de fruit avec un boisé très discret. Il n'a certes pas la puissance du 2005, mais il est vraiment très plaisant à boire. Je passerais bien plus de temps à goûter plus de barriques, mais nous sommes pris par le temps. Nous avons réservé une table à Bages pour 12h30, et il est déjà 12h00.
Sur le chemin vers Pauillac, nous nous arrêtons au bord d'une route pour aller voir les vignes. D'abord, les jeunes vignes de petit verdot qui ont été épargnées par le mildiou, car en secteur plus sensible. Didier, prévoyant, avait doublé la dose de fongicide. Les vignes sont taillées à la médocaine. La différence avec la Guyot est qu'il n'y a pas de retour (ou cot): moins de rendement, donc, et moins de plaies de taille.
Plus haut, nous allons voir les autres vignes détruites par le mildiou. Les vignes du voisin, en "conventionnel", sont aussi gravement touchées par la maladie.
Nous filons ensuite au village de Bages pour manger au Café Lavinal. Mais ce sera l'objet du reportage suivant ;o)