Editions Chandeigne
Série Lusitane
Récit traduit du portugais par Elisabeth Monteiro Rodrigues
Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'en ce Lundi 16 février, je vis, en ouvrant ma boîte aux lettres, une grande enveloppe contenant une carte postale et un livre. Ouiii! un livre. Ce petit cadeau me vient tout droit de ma swappée Bookomaton qui, pour remercier, m'a envoyé une sacrée découverte. Alors un grand merci à toi Bookomaton, toi qui a illuminé mon lundi et m'a fait découvrir ce texte merveilleux.
Ce récit n'est pas sans rappeler mes années d'études en ethnologie car Mia Couto est un écrivain africain (Mozambique) de la saudade. La saudade est une expression que l'on trouve en Afrique mais aussi au Brésil et au Portugal, la saudade c'est ce sentiment de nostalgie, un mélancolisme empreint d'un sentiment d'espérance. Le titre original "Mar me quer" joue avec le mot "malmequer" qui signifie marguerite et dont l'équivalent français serait "Il m'aime un peu, beaucoup..." Dona Luarmina joue avec des fleurs invisibles et répète ce refrain "mar me quer, bem me quer". Dans ce récit de l'amour, de l'amitié et de la mort, les coeurs sont malmenés car c'est comme ça que je comprends ce fameux mot "malmequer": c'est la mouvance des coeurs qui se rencontrent, se connaissent et se malmènent respectivement.
Le récit est par conséquent merveilleusement poétique, employant des métaphores: de nombreuses descriptions voire expressions qui sont reliées à la mer, aux vagues comme cette phrase magnifique: "Tu m'aimes?/ Oui/ Reste, reste dans mon bateau./ Tu m'aimes?/ Non/ Tombe, tombe au fond de l'eau." C'est l'histoire d'un pêcheur Zeca Perpétuo, fou amoureux de Dona Luarmina. Au fil de leurs conversations, tour à tour, intimes, déchirantes et parfois un peu osées, ils se racontent leur histoire, leur passé, leurs douleurs. La solitude est forcément présente, ainsi que la vieillesse et le poids des années. Mais avec eux, on voyage. Oui, on voyage et on se délecte de somptueux paysages : la plage, la mer et c'est pourquoi malgré la saudade, il y a cette immense chaleur dans tout le récit. Un soleil invisible qui nous caresse la peau, la saudade qui déroule sa mosaïque de sentiments comme ce vieux proverbe macua qui dit "Le coeur est une plage". Voici un très beau récit doté d'une excellente traduction qui fait rêver ; et voyez-vous c'est tout ce que l'on demande d'un bon livre!!! Qu'il puisse nous faire évader et voyager. Un texte sublime...
"Nous levons l'ancre, rêvons le voyage: seule la mer voyage toujours."