Et pourtant...
JE SUIS EN VACANCES !
Youhouuuuuuuuu ! Sortez les confettis ! Faites tournoyer les craies ! Mangez vos cartables ! C'est les vacances...
Alléluia ! J'irais presque mettre un cierge à l'église tellement j'ai l'impression que c'est un miracle que j'y sois arrivée sans avoir étripé un élève... sans avoir étranglé un charmant adolescent... sans arborer le scalp d'un ado biactol...
J'ai survécu !
Parce que, honnêtement, ça a été du grand n'importe quoi...
Je vous fais grâce de ces innombrables réunions, toutes plus funky les unes que les autres, avec une ambiance top moumoute à vous faire tourner la robe à paillettes que vous n'avez pas...
Je ne vous parle pas de ce soi-disant pique nique super sympa organisé à Dinoland où l'ambiance était aussi joyeuse qu'à une foire des pompes funèbres ou qu'à un congrès de proctologues.
Je vous épargne ces copies que j'ai corrigées jusqu'à 22H30 hier soir, des bulletins que j'ai remplis dès que j'avais une demi-seconde pour respirer aujourd'hui...
Je vais éviter aussi de vous raconter que j'ai le dynamisme d'une huître neurasthénique (sans l'odeur), que j'ai des cernes aussi bleues qu'un schtroumpf (grognon), que je pense sérieusement à me chercher une maison de retraite tant j'ai l'impression d'avoir 70 ans passés tous les soirs... Bref, je suis en pièces détachées, en vrac, à l'ouest, liquide, décomposée...
Mais là, ça y est, c'est parti pour deux semaines de vacances... Deux semaines sans faire mes 120 kilomètres quotidiens... 14 jours sans avoir à supporter des ados dont le cerveau ressemblerait à un string usé...336 heures sans arriver au collège en me demandant "Quelle bêtise ont-ils encore inventée ?"... 20 160 minutes sans que se bousculent dans ma tête les questions existentielles d'un prof "Où est-ce que j'en suis avec cette classe ?" "Est-ce que j'ai fait mes photocopies ?" "Pourquoi est-ce que j'ai encore oublié de monter de la craie ?" "Punaise, où est-ce que j'ai mis tel papier ?" "Je suis à jour dans mes cours ?"...
Oh oui, des vacances...
Pas de lever à six heures du matin, mais des grasses matinées jusqu'à 8h30-9h (là, je sais que certaines mamans m'envient et que d'autres se demandent pourquoi je vais continuer à me lever aux aurores)...
Pas de course entre chez moi, chez ma mère, le périscolaire, collège 1, collège 2, l'école de MiniBri, chez moi...
Pas de regard inquiet sur la montre en me disant "Je ne suis pas en avance..."
Pas de stress métaphysique le matin parce que j'ai oublié de préparer mes affaires et celles de MiniBri.
Pas d'angoisse profonde en ouvrant le casier et en se demandant quelle mauvaise nouvelle, quel rapport sur un élève dont je suis prof principale vais-je pouvoir trouver...
Pas de "Faut que j'aille me coucher, demain je bosse"
Je crois sincèrement qu'entre les énormités que j'ai pu entendre cette dernière semaine, les événements dont j'ai eus connaissance, l'excitation des élèves, la bêtise de certains, l'inconscience d'autres, les 25 000"mâdâmeeeeeeee" à la minute, je n'aurais pas pu supporter une semaine supplémentaire... ou ça aurait été à leurs risques et périls.
Alors là, je profite de mes vacances, loin de tout ça... Je me mets en position du lotus pour les deux semaines à venir, j'ouvre mes chakras, je me la joue hibernatus je fais une opération cocooning, et je chante, en me balançant d'avant en arrière "Vacances, j'oublie tout... plus rien à faire du tout... Je m'envoie en l'air, ça c'est super, folie légère !"
(Un intrus s'est glissé dans cette phrase... Sauras-tu le retrouver ?)
Et bon courage à ceux qui reprennent lundi !