Comme tous les ans le salon de l'agriculture ouvre ses portes, l'occasion pour le citadin de se rassurer à bon compte en constatant de visu qu'il y a encore des paysans en France. Car le Français est très attaché à son agriculture qui représente les valeurs éternelles, la nature, la terre et par extension le bon sens, toutes ces choses qui nous échappent chaque jour un peu plus. Hélas ( ?) tout ceci ne repose plus que sur des illusions et des idées dépassées puisque le nombre d'agriculteurs ne représente plus que 3,5% de la population totale française soit 400 000 exploitations agricoles. D'où ce Salon qui devient année après année le musée encore vivant de nos désillusions, la trace tangible d'un bonheur perdu.
Les scolaires profiteront des vacances pour aller en famille se recueillir devant un parterre de veaux, vaches, cochons, volailles ce qui permettra aux petits enfants éberlués de voir en vrai la bestiole dont on leur sert des parts fripées à la cantine. Là encore le Salon n'est qu'une vitrine où sont exposés les plus beaux modèles, les plus rares donc les moins courants, bêtes de première qualité, brossées, peignées, mouchées, loin de celles qui croupissent dans des hangars sordides d'où elles ressortent en morceaux préemballés autant que méconnaissables ce qui faisait dire récemment à une gamine de mon entourage « Le poulet c'est du poisson ? » tant les portions qui lui étaient servies à sa cantine, poisson ou poulet, se ressemblaient et par l'aspect et par le goût ! Les gamins ont parfois des questions saugrenues, quand il y a des frites à côté c'est du poulet, si ce sont des petits pois c'est du poisson, c'est simple.
Les agriculteurs à (la porte de) Versailles... à ça ira, ça ira et ça grossira le flot des passagers de la ligne de métro n°12 déjà bien lotis en temps normal.