Quand
sa mère meurt, dans une ferme des Pyrénées, Jeannot refuse qu'on
l'emmène au cimetière et il l'inhume sous l'escalier de la cuisine avec
une pelote de laine, des aiguilles à tricoter et une bouteille de vin.
Pendant cinq mois, cloitré dans la maison avec sa sœur, il grave sur
le plancher de sa chambre un texte déstructuré et paranoïaque puis il
meurt d'inanition. Ce n'est qu'après le décès de sa sœur vingt ans plus
tard qu'on découvrira Le plancher de Jeannot, une œuvre d'art brut étonnante.
Il y avait eu avant ça une autre pièce inspirée du réel. Le meilleur du Monde,
imaginée d'après la trajectoire de Willi Favre, né aux Diablerets et
médaillé d'argent en slalom géant aux Jeux olympiques de Grenoble en
1968. Une montée vers la gloire puis une plongée vers les enfers.
Et encore avant, en 1987, Marie Coquelicot, créé au Festival de la Bâtie.
C'est
ce texte qu'on peut réentendre au Théâtre Saint-Gervais jusqu'au 8
mars, dans la bouche d'Isabelle Maurice, qui a voulu faire revivre ce
monologue d'une femme simple. Elle s'est pour ça entourée de Muriel
Décaillet dont la scénographie évoque l'enchevêtrement,
« enchevêtrement des fils, des rituels, des tourbillons, des errances,
des emballages et déballages de tout un chemin de vie chaotique », dit
le texte de présentation, et de Pierre Miserez qui signe une mise en
scène peut-être un peu éclatée.
Marie
Coquelicot est elle aussi inspirée d'un personnage qui a existé. Sa
famille était voisine de celle de Pascal Rebetez qui était servant de
messe à l'enterrement du fils handicapé et se souvient encore du père
se jetant sur le cercueil. Il a imaginé la trajectoire de la sœur,
forcément sordide. Inceste, coups, placement en Suisse allemande dans
une ferme, mariage malheureux, coucheries, déceptions multiples...
Mais
il ne s'agit pas que d'une suite de malheurs. Le personnage de Marie
Coquelicot ne se résigne pas, elle affronte, et les péripéties qu'elle
raconte se teintent parfois d'humour dans la bouche d'Isabelle Maurice
qui en fait une résistante.
Marie Coquelicot, Théâtre St-Gervais Genève, rue du Temple 8, jusqu'au 8 mars, représentations à 20h30 sauf le dimanche à 18h et le 8 mars à 15h30. Relâche le 23 février et le 2 mars.
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