Alors, je les attends ceux goguenards qui oseraient me dire que je ne suis pas un chat ! Manifestement les chats font fait partie de l'univers familier du peintre Pierre Bonnard qui les a croqués à maintes reprises. Ce tableau, "Le Chat blanc" est une huile sur carton, peinte en 1894, de format moyen (51 x 33 cm) et visible au Musée d'Orsay.
Cadrée à la façon d'une estampe japonaise, la silhouette blanche du chat épouse la verticalité de la toile, ce qui est à la fois accentué par ses pattes exagérément allongées - qu'elles en font flageolantes -, et par sa posture démesurément arquée, avec la tête dans les épaules, rehaussée par quelques touches jaune ocre sur le front et le haut du dos - ce qui rappelle le sol - qui se détache du fond de feuillage vert.
"Des esquisses préparatoires à l'œuvre définitive, Bonnard a accentué la déformation, marque de son humour et de sa sensualité, faisant de cet animal un géant sur pattes à la tête enfouie dans le corps et dont la queue dessine un parfait "S" majuscule" (1).
A la différence d'autres artistes contemporains de Bonnard comme Pierre-Auguste Renoir, ou Maurice Denis, ou encore Gwen John qui ont représenté le chat comme un animal de compagnie, Bonnard le représente pour lui-même, il "tire du chat une image déformée à la limite de la caricature, qui en traduit l'essence même" (1). "Ce chat blanc n'a pas besoin de nom, il n'est plus un chat réel, mais une image cocasse et humoristique née du génie de son maître qui a su si bien l'observer et le comprendre" (2).
(1) Claire Frèches-Thory, Nabis 1888-1900, 1993 (2) Elisabeth Foucart-Walter, 1987