Christiane Taubira était ce matin l’invitée d’Alba Ventura dans les studios de RTL. La députée de Guyane (PRG, apparentée PS) après avoir souligné la carence du pouvoir dans la crise Guyanaise, a dénoncé les pratiques suspectes de milieux d’affaires et surtout écarté l’alibi de la question raciale.
“Enfin il est sorti du bois”. L’ex candidate aux élections présidentielles a pris acte des déclarations tardives de Nicolas Sarkozy. Sans porter de jugement sur ceux-ci, elle a stigmatisé le manque de réactivité du Chef de l’Etat. “Ca a été une carence évidente, manifeste, incontestable. Il en porte la responsabilité.“ Une responsabilité toutefois partagée dans la vacance du pouvoir. Christine Taubira a rappelé “qu’il n’a pas été le seul silencieux“. Et de désigner nommément la ministre de l’Intérieur et de l’Outre-Mer. “Nous avons même oublié le son de sa voix“.
Sur les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy, la députée a noté que la réponse apportée diffère de la demande formulée. La parlementaire a surtout insisté sur le fait que la balle était dans le camp des patrons, qu’un geste était attendu de leur part. “Au départ nous sommes sur un conflit social qui est devenu un conflit sociétal“. Or depuis le départ, ils se déchargent allégrement sur l’Etat. Le patronat local a rapidement quitté la table des négociations alors qu’il est directement concerné et n’a formulé aucune proposition pour sortir de la crise. Il y aurait donc des pratiques particulières issues du fait “que les patrons savent qu’ils sont sur des territoires d’exception“. “Les patrons se croient toujours dans un régime d’impunité” a résumé Christine Taubira.
Christine Taubira ne met pas tout le monde dans le même panier notamment la plupart des petites entreprises qui selon elle considèrent que la revendication de hausse des salaires est fondée même si elles n’ont pas toutes la capacité d’y répondre. En revanche la député a mis le doigt sur certaines dérives. “Nous savons que dans le milieu des affaires, il y a des pratiques contestables, illégales, frauduleuses. Nous savons surtout que l’Etat sait“. Et d’appeler à un retour à l’Etat de droit.
“On a pas encore vu le retour à un Etat de droit. C’est quand même une condition minimale” (à la fin de la grève). “L’Etat de droit, déjà c’est le respect des lois de la république. C’est quand même pas le cas dans tous les milieux d’affaires. C’est le fonctionnement normal des institutions sur place, c’est le respect des libertés individuelles et des libertés publiques et notamment la liberté de manifester. C’est quand même tout ça l’Etat de droit. Et tout ça est en suspens“.
Non réglée également la sulfureuse question des produits pétroliers à l’origine également du mouvement social. “Il y a des pratiques au moins suspectes au niveau des produits pétroliers” mais accusées d’être couvertes par L’Etat du fait qu’il y a des prix administrés. “Quand il y a des pratiques délictueuses, on n’envoie pas l’autorité de la concurrence regarder par le trou de la serrure. On saisit la justice.”
Face à cette dérive des DOM-TOM, Christiane Taubira, femme de couleur, a tordu le coup à l’offensive menée par une partie de la droite métropolitaine qui veut occulter le conflit social en le déplaçant sur le terrain racial et au delà sur le rattachement de ces territoires à la France. “La question n’est pas de la race, la question est des injustices sociales”, “pour les Guadeloupéens et les Martiniquais, les békés sont des Guadeloupéens et des Martiniquais“.
Et quand pour conclure Alba Ventura demande à son invitée : ” Vous appelez à l’indépendance ?“, la réplique fuse : “Qu’est-ce que ça vient faire dans le sujet ?“. “C’est une question” insiste la journaliste. “Voila ma réponse” rétorque aussitôt la député de Guyane.