Réduire la capacité de pêche et limiter l’accès aux pêcheries de crevettes devraient atténuer la surpêche, les prises accessoires et la destruction des fonds marins, selon un nouveau rapport de la FAO publié cette semaine.
“Pour des millions de ménages vulnérables et pauvres, la pêche aux crevettes est une source importante de revenus et d’emplois”, selon Jeremy Turner, chef du Service des technologies de la pêche à la FAO. “Mais la pêche crevettière comporte également des problèmes de surpêche, de captures de juvéniles de valeur économique et écologique, de dégradation des habitats côtiers, de chalutage illégal, de destruction des herbiers marins et de conflits entre les pêcheries artisanales et industrielles”.
La production mondiale de crevettes, à la fois de capture et d’élevage, s’établit à quelque 6 millions de tonnes, dont environ 60% destinées au marché international. Les prises mondiales de crevettes sont d’environ 3,4 millions de tonnes par an. L’Asie est la première région de pêche de crevettes. La Chine, avec quatre autres pays asiatiques, représente 55% des prises mondiales.
Le rapport préconise de promouvoir des plans d’aménagement durables des pêches de crevettes, de réduire la capacité de pêche et d’affronter la question de l’accès libre. « Dans les régimes d’accès limité avec des droits sûrs, il existe une relation durable entre les pêcheurs et la ressource, ce qui crée un levier formidable pour la conservation des ressources ”, souligne M. Turner.
Le rapport cite les pêcheries de crevettes de l’Australie et certaines pêcheries de crevettes d’eaux froides parmi les mieux gérées au monde, car elles sont fondées sur la participation des pêcheurs, la gestion des prises accessoires, la réduction des rejets et l’utilisation de droits de propriété dans l’aménagement.
Les pêches de crevettes engendrent des recettes économiques considérables, en particulier pour de nombreux pays en développement. Cependant, l’importance économique des crevettes doit être conciliée avec les préoccupations liées aux impacts environnementaux de leur pêche, souligne le rapport.
La surpêche, par exemple, est un problème très diffus, même si les ressources ne se sont pas encore épuisées malgré la forte pression exercée par la pêche. La pêche crevettière, et en particulier le chalutage dans les régions tropicales, produit de grandes quantités de prises accessoires qui sont, soit rejetées à la mer, soit gardées à bord.
Ces prises peuvent constituer un grave problème si les ressources biologiques sont gaspillées, les populations d’espèces rares et en péril sont menacées et de nouveaux prélèvements sont effectués dans les stocks halieutiques déjà abondamment exploités.
Les prises accessoires comprennent souvent des juvéniles d’espèces de poissons importantes sur le plan commercial (morue, rascasse, vivaneau rouge, maigre, thazard, thazard atlantique et truite de mer) ainsi que de tortues de mer.
La FAO estime que les pêcheries chalutières de crevettes sont la plus grande source individuelle de rejets. Si réduire les prises accessoires dans les petites pêches crevettières est une gageure, leur réduction future devrait être largement axée sur les grandes et moyennes pêcheries.
C’est dans ces dernières pêcheries que l’on a déjà obtenu des résultats remarquables en appliquant des modifications aux engins de pêche, aux quotas de pêche, aux interdictions de rejets et aux améliorations de la manutention et commercialisation des prises accidentelles, selon le rapport.
Dans de nombreux pays, des organismes de pêche faibles, le manque d’une volonté politique et une base juridique inappropriée sont à l’origine de dysfonctionnements, indique le rapport.
Source : FAO