On décide encore une fois de passer la frontière de la manière économique au dépit de la solution confortable, commode et onéreuse. À midi, nous arrivons à Desaguadero, endroit qui porte très bien le titre de ville frontalière ; désorganisée et chaotique.
Après avoir dispersé de peine et de misère la foule de chauffeurs de cyclotaxi qui insistent pour nous amener à l'immigration, on marche les cinq cents mètres qui nous séparent du premier poste de douane.
Nous avons choisi d'arriver à l'heure du dîner dans l'espoir de tomber sur des douaniers de remplacement, qui, selon ce que nous avions vécu au Guatemala, sont beaucoup moins casse-culs. Nous en aurons besoin, car il y a vraiment un truc louche dans notre passeport, et ce n'est pas l'étampe du Machu Picchu.
Revenons en arrière, lors de notre entrée au Pérou via l'Amazonie. Le douanier nous demande combien de temps nous voulons rester dans le pays. Nous lui répondons bêtement la vérité, lui disant un peu plus d'un mois. Il nous autorise alors à rester trente jours, pas un de plus, même si nous avons droit à quatre-vingt-dix.
On lui demande alors gentiment de changer le nombre pour nous donner plus de latitude, et la seule façon qu'il trouve pour réparer l'erreur est de transformer le trente en quatre-vingt-dix, comme l'aurait fait un enfant de 6 ans.
Nous voici donc à la sortie du pays, devant le douanier moustachu aux sourcils serrés, avec notre passeport barbouillé en amateur. Il étampe mon document, tout va bien. Celui de Nad venu, il remarque le problème des chiffres. Merde! Le monsieur ne semble pas apprécier et se met à parler à son collègue. Ce dernier nous demande d'expliquer le barbot. Heureusement que j'avais préparé mon discours avant d'arriver, que je leur baragouine tout croche, gâchant tous les efforts que j'avais préalablement investis.
Finalement, il comprit que ce n'est pas nous qui avons modifié l'étampe d'entrée et sans retarder, il nous laisse sortir du bureau.
On s'approche alors de la frontière proprement dite, qui se résume à une corde pendouillant au milieu de la rue. Comme tout le monde, on passe en dessous et quelques pas plus tard, la police nationale péruvienne nous aborde. Parmi la vingtaine de personnes qui nous entourent, ils nous choisissent nous, les deux blancitos, pour une fouille en règle !
Bien qu'il n'y a personne dans la salle, on nous fait patienter dix minutes. Un des policiers se pointe et me demande, à moi seulement, d'entrer dans le bureau. Évidemment, Nad et son aire angélique évite toutes les procédures. Il faut croire que c'est moi qui a la face de bandit poteux du couple.
Me voilà debout devant deux bedonnants uniformés, encore une fois. Après m'avoir demandé à maintes reprises si j'avais de la drogue, ils passent aux choses sérieuses, la raison du pourquoi : la recherche des " faux " billet US. Le principe est vraiment salaud : ils inspectent l'argent américain et lorsque ça leur tente, ils décident que le billet est faux et le confisque. Tu te fais littéralement voler dans la face sans pouvoir répliquer.
Heureusement que c'est connu et que j'avais lu là-dessus dans notre guide de voyage. Notre argent était donc dispersé un peu partout dans les sacs, et les plus gros billets, cachés très profond.
C'est à petites gouttes que je vide ma poche gauche, puis ma poche droite, puis les poches arrière, ne leur donnant jamais plus qu'ils n'en demandent. Pas de gros billet dans mon portefeuille, ils semblent déçus. Finalement, ils fouillent ma pochette de passeport, en prenant bien soin d'éparpiller tout son contenu partout sur la table, sans trouver ce qu'ils voulaient ; des billets de cent.
Encore une petite question sur la drogue, ils se tannent de moi et me laissent ramasser le bordel qu'ils ont créé. Très aimable. Sans oublier de faire une joke plate de policiers, ils nous laissent sortir.
À l'immigration bolivienne, les procédures vont très rapidement, aucune embûche et à peine après avoir prononcé le mot canadiens, l'étampe était mise sans même vérifier nos photos. On nous souhaite la bienvenue avec le sourire. La grosse paix.
Et La Paz dans tout ça ? On s'en reparle, parce que pour l'instant, je vais changer de T-shirt, car même à plus de 3800 mètres d'altitude, les maudites frontières, ça fait suer !
-Will