Un autre geste éminent d'expression est la station debout : "Adoptons une belle station debout, tenons-nous debout avec une crainte respectueuse !" C'est par cette exhortation du diacre que débute le dialogue liminaire à l'anaphore eucharistique dans la liturgie de Chrysostome. (...)
En tant que geste d'expression, la station debout est une "station debout" dans le rachat, l'homme "se tient debout" en relation (steht in Beziehung) au Dieu de la vie. C'est pourquoi la station debout est, d'après le liturgiste ukrainien Fedoriv, un symbole non seulement de la Résurrection du Christ, mais aussi de l'élévation joyeuse du coeur humain dans le ciel, oui, de la résurrection spirituelle de l'homme telle qu'elle se réalise dans la prière. La station debout est l'attitude liturgique de base (cf. IGMR 21) et est, depuis toujours, entendue syboliquement comme étant le signe de l'existence pascale des rachetés (cf. Tertulien, De orat. 23 ; Concile de NIcée can. 20) (Sequiera). Comme geste de prière le plus éminent, elle remonte au Christ même, qui, selon l'évangile de Marc, la mentionne, à l'occasion de l'enseignement du Notre Père (Mc 11, 25 : "Et quand vous êtes debout en prière ..."). Le susdit can. 20 du Concile de Nicée prescrit pour le temps pascal la prière debout, et, jusqu'à ce jour, l'Église byzantine connaît, dans les vêpres de la Pentecôte, le rite de la génuflexion ( goniklisia), par lequel est réintroduite, à la fin du temps pascal, la prière à genoux.
La position assise est à la fois l'attitude de l'écoute recueillie et contemplative et signe d'autorité. Le chef d'une assemblée "préside" celle-ci (sitzt ihr vor, prä-sidiert, litt. "est assis devant elle"), le professeur a sa "chaire" ( cathedra), le juge son tribunal (sa chaise de juge, all. Richterstuhl). Pour l'écoute de la communauté, la position assise est un geste traduisant la disponibilité à l'écoute, alors que pour le prédicateur assis (l'évêque assis sur sa cathèdre et doté, en tant qu'instituteur de son Eglise particulière, de l'autorité que lui confère son magistère) comme pour le confesseur assis (comme détenteur du pouvoir juridique), elle est plutôt un geste d'action (Sequeira).
Dansla position à genoux (plus encore la prostratio, la soumission totale, dans la liturgie de la consécration et du profès, de même dans l'Office divin du Vendredi Saint), l'homme exprime sa petitesse et sa bassesse vis-à-vis de Dieu. Elle est le signe de l'adoration en même temps que de l'humilité du pécheur. Partant de là,la génuflexion devint, en Occident, un geste autonome pour saluer le Très-Saint, l'autel et la croix (ici tout particulièrement dans la Vénération de la Croix du Vendredi Saint). Les Byzantins ne connaissent pas de génuflexion, mais la "petite" et la "grande métanie" ("pénitence"), l'action de toucher le sol avec trois doigts de la main droite, suivi d'un signe de la croix, resp. l'action de se jeter complètement par terre et de toucher le sol avec le front. Le nouveau missel fait état de l'agenouillement des fidèles pendant le récit de l'institution de la messe (IGMR 21).
Michael Kunzler, La liturgie de l'Église, Éd. Saint-Paul 1997, p. 164-166