Racisme

[Parution in Journal du Jeune Praticien n°355 de mars 1996]

Le racisme peut consister dans un refus (inconscient !) d’accorder à tel homme la même « qualité » (c’est-à-dire le défaut !) de raciste qu’à tel autre. Comme le montre un article de Delfeil de Ton dans Le Nouvel Observateur : « Encore un incendie criminel dans un foyer de réfugiés yougoslaves en Allemagne… Lisant plus avant, on apprend que les auteurs ont été arrêtés, et qu’il s’agit de deux Turcs. Ah bon ! se dit-on, cette fois ce n’est donc pas un crime raciste. Puis on réfléchit. Après tout, pourquoi certains Turcs ne seraient-ils pas racistes envers les Yougoslaves ? » En fait, une démarche raciste entache par mégarde le lecteur qui hésite à prêter à des Turcs un lourd travers (le racisme) qu’il eût donné sans hésiter, par exemple, à des Allemands ! Cette anecdote subtile de Delfeil de Ton rappelle l’histoire classique : –Dites à votre interlocuteur qu’un leader néonazi vient d’annoncer qu’il envisage d’éliminer tous les Juifs, tous les Noirs, tous les Gitans, et tous les coiffeurs ! Comme s’il était implicitement « moins anormal » de s’en prendre aux autres cibles, vous aurez immanquablement cette réponse : « Et pourquoi les coiffeurs ? »