Le code a changé, s’il n’a rien de franchement novateur dans le style ou le contenu, prouve leur talent à faire coexister à l’écran une multitude de personnages et ce, de façon harmonieuse.
Quelques proches ont également été conviés : Alain et Mélanie (Paaaaatriiick Bruel et Marina Foïs), un couple de médecins, lui oncologue, elle gynécologue – il annonce les décès et elle les naissances – Manuela (Bianca Li), la prof de flamenco qui rêve d’ouvrir un bar à tapas et Jean-Louis (Laurent Stocker), l’amant de ML, particulièrement collant et envahissant. Celle-ci voit aussi débarquer son père (Pierre Arditi) et sa soeur Juliette (Marina Hands), Problème : ces deux-là ne s’adressent plus la parole depuis des années… Il y a enfin Erwann (Patrick Chesnais), un vieux loup de mer breton qui ne quitte plus Juliette…
Amours complexes, vies conjugales s’enlisant dans la médiocrité, situations professionnelles usantes – ou chômage pesant –, vieilles rancoeurs familiales… Autant de situations qui, derrière les apparences hypocrites et les échanges faussement courtois de ce dîner, sont sur le point de se nouer ou se dénouer.
Ce qu’on pourrait déplorer, en revanche, c’est le manque d’audace de la mise en scène, un peu trop sage, trop plate pour convaincre pleinement – le même défaut pouvait s’appliquer à ses trois oeuvres précédentes. Mais la cinéaste n’avait probablement pas la prétention de révolutionner l’art cinématographique, juste l’ambition de raconter de petites histoires drôles ou émouvantes et de réunir pour ce faire une belle troupe de comédiens, très complices.
Et de ce point de vue, Le code a changé est une réussite. Grâce à des acteurs évoluant pile dans leur registre de prédilection (Viard en fonceuse hystérique, Foïs en rêveuse romantico-trash, Bruel en séducteur sensible, Boon en brave gars sympathique et gaffeur, …), quelques situations surprenantes (les liens entre certains personnages, l’improbable numéro de Chesnais et d’Arditi, …) et surtout à des dialogues mitonnés aux petits oignons, et bien plus ragoûtants que le Bigos préparé par Dany Boon dans le film (*).
Bref, sans être un chef d’oeuvre, Le code a changé est un divertissement enlevé, souvent drôle et touchant, juste et pertinent, qui donne l’occasion de voir de bons acteurs balancer des répliques créées spécialement pour eux. On passe un bon moment, et ce n’est déjà pas si mal…
Note :
(*) : le Bigos est un plat polonais, une espèce de choucroute locale dont la recette a été empruntée à Roman Polanski, le conjoint d’Emmanuelle Seigner, et qui n’a rien à voir avec l’infâme mixture malodorante proposée aux convives du dîner.