Je me suis astreint à écouter l’intervention télévisée de notre Président mercredi 19 février. Elle a suscité chez moi quelques remarques dont je vous livre une première brassée aujourd’hui.
« Nous sommes au milieu de la crise ». Je suppose que M. Sarkozy a voulu éviter de dire « nous sommes en pleine crise ». Mais on peut interpréter l’expression utilisée comme signifiant que nous en sommes à mi-chemin, ce qu’il vient démentir plus loin en précisant qu’il s’agit d’une crise « sans précédent, dont personne ne peut prévoir jusqu’où elle ira ni jusqu’à quand elle durera ».
« [Les chiffres] sont pires ailleurs ». Voilà l’exemple même d’une affirmation sans valeur, tant que l’on se garde de préciser où se trouve cet ailleurs : il suffit, sur toute l’étendue de la planète, d’un seul pays en plus mauvaise posture que la France pour pouvoir soutenir que c’est pire ailleurs.
Il poursuit en affirmant que l’on pourra en sortir « à la condition de ne pas refaire les erreurs du passé. Ces erreurs, on les connaît, ce sont celles d’une politique de facilité ». Là, j’ai été suffoqué. Quel est le parti qui a soutenu le gouvernement de la France depuis sept ans, si ce n’est le RPR, rebaptisé depuis UMP, désormais entièrement sous la férule du Président de tous les Français ? Qui a été quatre ans Ministre de l’Intérieur, qui a même occupé un poste de Ministre des Finances, si ce n’est un certain Nicolas Sarkozy ? Jusqu’ici, je ne le savais pas garçon facile, quoique …
Après une brève variation sur l’investissement (défense de son plan de relance), sur la réforme (son ambition) et sur le travail (sa marotte, enfin surtout celui des autres, pour lui, c’est la bougeotte, partout, sauf en Guadeloupe), il déclare qu’on ne guérira « pas en embauchant davantage de fonctionnaires ou en rétablissant l’autorisation administrative de licenciement». Ce dernier point ne manque pas de sel. Je me souviens du temps où cette autorisation existait et où le patronat se lamentait, disant que le chômage progressait parce que, du fait de ce verrou administratif, on ne pouvait supprimer les emplois qui n’étaient plus rentables. Le verrou a sauté et le chômage a continué sa progression.
Jamais avare de contradictions, notre Président martèle qu’il ne convient pas d’«augment [er] massivement le SMIC, qui concerne à peine un salarié sur dix». J’ai quelques doutes sur l’exactitude de ce ratio mais je veux bien admettre un instant que cela ne fait pas beaucoup. Il nous explique ensuite que des entreprises, mises alors en difficulté, seraient contraintes de licencier et alors « seraient exclus du monde du travail un grand nombre de travailleurs peu qualifiés ». D’un seul coup, voici que nos smicards se retrouvent beaucoup.
Comment peut-on tenir un langage aussi peu cohérent ? Ce n’est hélas pas fini ! Rendez-vous demain pour une nouvelle gerbe.