Dans l’univers des fonds communs, la destruction de valeur est phénoménale. Sur 3 ans et sur 5 ans, quasiment TOUS les fonds communs sont négatifs et des fonds qui perdent sur 10 ans, il y en a des centaines. Il est cependant difficile de faire pire que le Mavrix Croissance qui perd 18,6% par année depuis 1999!
Dans ce contexte, la popularité des polices de rentes variables de type «Revenu Plus» ne se dément pas, et elle n’est pas prête de se tarir. Lorsque des assureurs offrent une bonification de 5% par année sans retrait, c’est très alléchant. D’autant plus que les fonds qui réalisent une moyenne annuelle sur 10 ans supérieur à 5% sont rares comme les banquiers qui refusent leurs bonis (ça, c’est rare!)
Sur les 10 dernières années, parmi les 320 fonds équilibrés, seulement 34 (soit 10,6%) ont affiché un rendement positif annualisé de plus de 5%. Bref, ce n’est pas fort.
Que ce soit chez Manuvie, Transamerica, SSQ, Empire Vie, Industrielle-Alliance et Sunlife, les conditions des polices de rentes variables sont à peu près semblables. Une compagnie d’assurance fait cavalier seule: Desjardins Sécurité Financière. Son boni n’est pas de 5% comme les autres, mais de 7%.
L’étonnement fait même place au doute lorsque que l’on sait que le taux de la banque du Canada est de 1%, le taux privilégié de la plupart des banques est de 3% et que le taux de l’épargne à terme de Desjardins sur 10 ans est de 2,6%. Comment peux-t’on alors offrir du 7%?
Mais, voilà les investisseurs soulèvent les sourcils à la lecture du cahier de renseignement et les termes du contrat d’Hélios. Si ce genre de contrat est populaire, c’est bien à cause des garanties en cas de décès ou à l’échéance. À ce sujet, à la page 22, un avis bien clair précise que «La valeur du contrat n’est pas garantie… et que la compagnie se réserve le droit, à son entière discrétion d’ajouter, de changer ou de clore une garantie principale existante, et ce, sur simple avis». Finalement, est-ce qu’il y a une garantie?
L’investisseur attiré par le boni de 7% ne sera pas rassuré par l’avis sur les garanties additionnelles qui figure à la page 26 du même cahier. Le boni et la GRM ou garantie de retrait minimum de 7% est une garantie optionnelle et comporte les mêmes clauses en porcelaine…
Chez Desjardins Sécurité Financière, la conseillère aux ventes Nathalie Nepveu est bien consciente que ses 2 pages du cahier de renseignement soulèvent les passions, mais insiste pour dire que le prochain document ne laissera aucun doute. Ce printemps, un nouveau cahier de renseignements mettra fin aux inquiétudes. Les clients ou investisseurs potentiels qui tiennent à se faire rassurer peuvent demander une lettre signée par Claude Paré, le directeur principal du développement et de la mise en marché des produits d’épargne pour les particuliers. La lettre en question précise le sens des deux clauses et confirme que les titulaires qui ont choisi leurs garanties ne vivront pas de mauvaises surprises. Mais juridiquement cette lettre , est-elle partie prenante du contrat?
Qu’en pensent les représentants du chef de file canadien des rentes variables, Investissement Manuvie? Avec plus de 4 milliards en actifs sous gestion dans Revenu Plus, ils connaissent toutes les rentes variables disponibles dans les moindres détails. Les vice-présidents régionaux Pierre Mondor et Rock Dumais de Manuvie confirment que…» les garanties chez nous sont contractuelles. On ne peut les changer, les altérer ou les retirer même avec préavis. Le 5% de boni est ainsi garanti et protégé, on croit comprendre que le 7% de Desjardins est un avenant et ne fait pas partie du contrat.»
Chez SSQ, le vice-président Pierre Hallé, a lui aussi sursauté en prenant connaissance des clauses de Desjardins et confirme qu’à la SSQ on ne peut se défiler. « On n’a pas ce genre de clause et notre 5% est garanti!»
Gianna Di Sabato de la Transamerica Vie, Aegon Canada nous dit de même et confirme que leur produit 5 À VIE est solide et garanti. Aucune clause de désistement ne leur permettrait de diminuer leur boni de contrat. Jacen Campbell Vice-Président régional de Placement CI, connaît aussi très bien le contrat Helios et le trouve alarmant. Sunwise Elite Plus de CI/Sunlife est le plus important concurrent à Revenu Plus de Manuvie. « Chez nous, on n’a pas le droit de toucher au boni et aux garanties. On est obligé d’honorer. Notre seule marge de manoeuvre est limitée. On pourrait augmenter les frais mais nous avons un plafond et au pire, nous pourrions fermer les contrats aux nouveaux clients, mais, il est clair pour les détenteurs actuels, notre contrat est garanti.
Pour le client aigri par les marchés et rendu méfiant par les Norbourg, Madoff et le papier commercial, l’attrait d’Hélios a pâli. Bref, il se dit que si le boni de 7% est comme la ristourne, il y a lieu de s’inquiéter. Dans la mythologie grecque, Hélios est le fils du Titan Hypérion et de sa soeur Théia. C’est le Dieu qui symbolise le Soleil, mais c’est surtout le Révélateur de tout ce qui se passe sur Terre. Avouons que le nom est brillant mais, le produit, plutôt embrumé.