En pleine déprime financière, les créateurs américains réussissent le pari de redonner du pep’s à la new-yorkaise. D’un côté, le légendaire Marc Jacobs délivre une superbe collection pop à l'inspiration 80's. De l’autre, les nouveaux créateurs regorgent d'inventivité pour une new-yorkaise active, féminine et toujours à la pointe de la mode.
Marc Jacobs
Marc Jacobs dévoile une collection inspirée par le New York des années 80 : une ville effervescente où toutes les originalités vestimentaires sont permises. Coiffures excentriques, coupes structurées et épaulettes XXL, débordement de couleurs fluos, on se retrouve au croisement d’Eurythmics et Lady Gaga. Mais le talent de Marc Jacobs est de rendre ces pièces parfaitement imaginables sur la girl next door. Un joli coup de poker, qui fait probablement de cette collection le défilé le plus excitant de la Fashion Week…
Marc by Marc
A l’opposé des dancing 80’s, la 2e ligne de Marc Jacobs est beaucoup plus sage avec un look un peu montagnard d’Europe de l’Est. Mais en voyant ces tartans, je ne peux m’empêcher de repenser au défilé de D&G; FW08 (gloups…). L’attitude est cool avec des coupes larges, pantalons baggy, mountain boots ouvertes. Les mannequins emmitouflés dans des manteaux en laine et de longues écharpes nous rappellent que nous sommes en hiver. Comme à son accoutumé, Marc Jacobs alterne également le défilé avec sa collection Homme en ligne avec celle femme.
L’avantage de Marc by Marc est que toutes ces pièces seront vraiment abordables pour notre porte monnaie. De quoi rêver à notre prochaine garde robe pour de vrai !
Michael Kors
Maitre en sa demeure, Michael Kors a gratifié le public d'un défilé mixte de pas moins de 71 looks ! Et on en redemande, les pièces sont belles, luxueuses, terriblement portables et toujours avec ce côté sportswear américain. Difficile de résumer un tel défilé en quelques looks, il faut le voir: les pièces de prêt à porter de tous les jours sont glamourisées par les matières nobles, les accessoires ou un détail (la jupe fendue très haut un peu à la Balenciaga ou secrétaire sexy). Les soirs de gala, un fourreau en cuir stretch est de rigueur (ou l'indémodable robe à sequins). Et moi qui adore la moumoute, je suis tombé amoureux de ses chapkas fluos (il y a pas une petite similitude avec les lunettes de Marc Jacobs ?).
Matthew Williamson
Jeune prodige de la mode outre-Atlantique, Matthew Williamson est vénéré par de nombreux peoples comme la chanteuse néo-disco Santogold ou Zoe Kravitz (la sœur de l’autre Kravitz). Le défilé de Matthew Williamson est intéressant parce qu’il est terriblement américain. Longues robes de gala brodées, fourrures multicolores, imprimés à la Pucci, cela parait idéal à Dallas mais qui porterait ce type de vêtements à Paris ? Enfin, je suis un peu difficile, certaines pièces sont plus que sympathiques et Matthew Williamson a le mérite d’avoir joué l’explosion de couleur à une époque plutôt morose. Espérons que cela portera chance à sa nouvelle boutique ouverte à l’occasion de la Fashion Week dans le quartier branché de Meatpacking.
Narciso Rodriguez
Créateur préféré de sa majesté Obama (porté notamment à l’occasion de l’investiture), Narcisco Rodriguez a dévoilé une collection plutôt surprenante. On y trouve des tenues très First Lady comme les ensembles et robes khaki au début du show, des tenues pastel de chez pastel un peu belle maman, et un surprenant storm-trooper en tenue camouflage et casque blanc. Je ne suis pas sûr que Michelle adoptera ce dernier look.
Zero + Maria Cornejo
Autre gagnante de l’investiture d’Obama, la créatrice d'origine chilienne Maria Cornejo est pourtant très peu connu en France. Mariée au photographe Mark Borthwick, elle a commencé sa carrière autour de Paris, Londres, Milan ou Tokyo, travaillant pour certaines marques comme Joseph, Tehen et Jigsaw et lançant en parallèle sa propre marque. Elle s'installe finalement à New York en 1996 où son style minimaliste mais sophistiqué lui apporte de nombreux fans comme Tilda Swinton, Michelle Williams, Cindy Sherman et plus récemment Michelle Obama. En 2006, elle remporte le Fashion Prize du Smithsonian Cooper Hewitt National Design Awards.
Le défilé qu'elle présente pour ce Fall est à l'image de cette new-yorkaise urbaine et active, qui n'hésite pas à assumer son slim en cuir ou s'abrite précieusement sous une chape souple en tartan gris.
Philosophy
La ligne Philosophy de Alberta Ferretti est toujours extrêmement séduisante: on y retrouve toute la finesse de la créatrice dans ce jeu de coupe et de drapés typiquement italiens, en même temps qu'une allure moderne quelque peu glam-rock (ensemble lamé, robe à paillettes...). Mixer les deux relève parfois du tour de force.
Rodarte
Autre choucou de la scène new-yorkaise, les soeurs Mulleavy ont attiré Kirsten Dunst, Milla Jovovich ou Elijah Wood à leur défilé. Âgés de moins de 30 ans, Kate et Laura se sont fait déjà un nom dans la mode, à peine 3 ans après avoir lancé leur marque à Pasadena en février 2005 (à l'époque le lancement avait déjà fait la couverture du WWD). Elles ont reçu le CFDA Emerging Womenswear Designer Award en juin 2008.
Le défilé est rythmé par les bottes interminables de Nicholas Kirkwood, qui se déclinent sur tous les looks en noir, gris ou taupe. Les tops et petites robes sont construits à la manière d'un collage d'artiste: superpositions de matières, couleurs, jeux de marbrures. Sur certains looks, on ne peut s'empêcher parfois de penser à Johnny Depp dans Edouard aux mains d'argent.
Thakoon
On ne peut pas parler de New York sans évoquer la nouvelle Fashion star qu'est Thakoon Panichgul. On pourrait l'appeller l'effet Obama mais pas seulement, Tilda Swinton a rajouté au buzz en portant une de ses robes au Festival du Film de Berlin. Ancien étudiant de la prestigieuse Parsons School of Design, le créateur d'origine thailandaise a commencé comme merchandiser chez J. Crew (retailer américain grand public) puis a rédigé des articles pour le Harper's Bazaar. Il a lancé sa première collection en 2004. Deux ans plus tard, il était nominé pour les CFDA Awards.
Le défilé commence par un ensemble de pièces aux couleurs plutôt neutres, camaieu de non-couleur qui a fait la patte de Thakoon. Mais il s'ouvre ensuite sur de nombreuses couleurs franches (probablement dur à merchandiser en boutique...). Sa collection est très soir avec des robes drapées en satin, robes à épaules disco incorporées, longues robes de gala et fourrures pour couvrir le tout.
Proenza Schouler
Le duo de créateur Jack McCollough et Lazaro Hernandez est un habitué des podiums new-yorkais depuis leur 1ere fashion week en 2002. Anciens élèves de la Parsons School, leur collection de fin d'étude est si réussie qu'elle se fait acheter immédiatement par la directrice de Barney's. Ils enchainent ensuite les collections, se faisant distribuer à Paris par Colette et Gisele So.
La collection FW09 est moderne, luxueuse, cool et comme d'habitude parfaitement portable. Une sorte de vestiaire pour femme active avec une fashion edge.
3.1 Phillip Lim
Il y a certains défilés qui régalent plus que les autres et Phillip Lim en fait partie. La marque qui fête à peine sa 3e année est célébrée par les rédacteurs de presse et acheteurs du monde entier.
On trouve de tout dans ce défilé, comme si Phillip Lim n'avait su complètement canaliser sa créativité débordante: inspiration 60's pour couleurs safranés, veste de M. Loyal, graphisme 80's, imprimés, petites robes sexy... de quoi plaire à tous les types de femme.
Derek Lam
On ne présente plus Derek Lam, qui est désormais distribué en France (au Printemps notamment). Autre élève de la Parsons School of Design, il a travaillé pendant 12 ans avec la star Michael Kors avant de lancer sa propre marque. Il a tout de suite été repéré par les acheteurs de référence comme Barney's ou Bergdorf Goodman et remporte le Ecco Domani Fashion Foundation Award for new designers en 2004, suivi du CFDA Perry Ellis Swarovski Award for new designers. Son style est chic et fashion avec juste ce qu'il faut de commercial, héritant également du côté sportswear de Michael Kors. Il est également directeur artistique de Tod's.
Le défilé est ultra-luxe avec une succession de fourrures et de manteaux ultra-comfy. Les pièces parfois classiques ont toujours le petit détail qui fait leur originalité. Le cuir est stretch et brillant: ne jetez pas votre slim de cet hiver, il restera un must-have pour la saison prochaine.
Ouf, c'est terminé... et encore je n'ai parlé que d'une toute petite partie des défilés. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais mon trio de tête pour ce début de Fashion Week est Marc Jacobs pour son fluo 80's, Phillip Lim parce qu'il touche tout ce qu'il coud en or et Rodarte pour le côté gothico-arty !
Pour en voir plus: le site de Vogue