Devant moi, dans le train de 7h53, à hauteur de J. peut-être. Il se pose lentement, sur fond de Standing next to me, je baisse le volume, un peu, pour entendre le silence qu'il y a entre nous deux, un peu seulement.
lui, devant, lui il a les cils les plus longs et noirs qui pourraient être, on lui donnerait dix-huit ans peut-être, dix-huit ans, c'est déjà cinq de plus que moi, c'est fou, il aurait dix-huit ans et les os près du corps, les yeux fondus sur l'écran de son Archos entre ses doigts, il est rasé de près, très près, sa mère à sa droite à ma gauche, il regarde peu, il écoute surtout, il a les cils longs et noirs et ses pupilles derrière marron comme maquillées, ça prolonge le regard, ça le prolonge vraiment, ça l'affine à la fois, trahit la faiblesse qu'il y a toujours derrière ceux incapables de serrer le poing, son regard trahit ça, je le devine en le fixant, sauf que lui, lui, devant, il ne sait pas où regarder, ne regarde pas où il devrait, n'ose pas regarder comme il pourrait, comme embarrassé par le noir de ses yeux