Un sans-papier dénoncé par la CPAM. Un responsable d'Emmaüs en garde à vue. Une communauté perquisitionnée. Les devises de l'Abbé Pierre bafouées... au pays des Droits de l'Homme, les affaires suivent leur cours.
Tout commence par l'arrestation, lundi, d'un sans-papiers accueilli dans la communauté d'Emmaüs de Pointe Rouge à Marseille. S'ensuit une perquisition par la police aux frontières et une garde à vue de six heures pour le responsable du centre d'accueil. Dans le même temps, les policiers saisissent des « dossiers des compagnons ayant des noms à consonance étrangère », raconte Teddy Roudaut à l'AFP, chargé de communication d'Emmaüs France.
Dénoncé par la CPAM
Dans un courrier adressé au directeur de la CPAM d'Auxerre et publié aujourd'hui dans les colonnes de l'Yonne Républicaine, Hubert Trapet, président d'Emmaüs de l'Yonne, affirme que "la police aurait été alertée par la CPAM". Helder Dos Santos, citoyen angolais sans papiers, "malade et gravement handicapé, était venu en toute confiance pour un rendez-vous pris le 3 février dernier avec vos services pour examiner son dossier social" et se renseigner sur l'aide médicale d'Etat (AME), affirme Hubert Trapet.
Dans un communiqué publié hier, Emmaüs France "proteste contre ce qui constitue une grave atteinte au principe de l'accueil inconditionnel". La fondation dénonce aussi, aujourd'hui, l'interpellation par la police de Helder Dos Santos dans les locaux de la caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) de l'Yonne, et se révolte contre "la délation" dont il aurait été l'objet de la part de la Caisse.
« Servir premier le plus souffrant, héberger de manière inconditionnelle » et « toi, qui que tu sois, viens m'aider à en aider d'autre plus malheureux que toi ». Telles étaient les devises de l'Abbé Pierre, telles sont toujours les devises de sa fondation.
"De même qu'il est intolérable de rechercher des personnes sans papiers dans des hôpitaux, à proximité des écoles ou des crèches ou dans les centres d'hébergement, de même il est inacceptable que les communautés Emmaüs soient l'objet de recherches de ces populations" s'insurge aujourd'hui la fondation.
Rappelons juste que Nicolas Sarkozy, dans un moment d'égarement social le 17 octobre 2007, avait déclaré : "J'attache une importance toute particulière à l'accueil des personnes à la rue. Cet accueil doit être inconditionnel. Quand quelqu'un est à la rue, il est dans une situation d'urgence et de détresse, on ne va pas lui demander ses papiers (...) Je demande à ce que le droit de chaque homme à un minimum de considération soit reconnu"...
Le message a du mal à passer.
par Napakatbra
(Article publié sur le site "Les mots ont un sens")