Depuis quelques semaines, un mouvement de protestation inédit souffle sur les Antilles. Au départ de cette grève, la constatation que la vie n'est plus possible avec un SMIC. Il faut dire que les
prix en Martinique ou en Guadeloupe sont affreusement chers. On a souvent imputé ce prix excessif à une insularité, mais force est de constater que ce n'est pas le seul argument puisque même les
bananes sont plus chères en Guadeloupe ou en Martinique qu'en France.
La réalité est tout autre: les peuples antillais (de même que d'autres peuples dans le monde) sont écrasés par le système capitaliste mondial. Un marché plutôt
fermé contrôlé par une oligarchie insupportable (quelques familles qui détiennent l'essentiel des richesses).
Mais outre la revendication légitime de 200€ supplémentaires, ceux que trop de bien-pensants imaginent assistés luttent au contraire aujourd'hui pour que cesse l'assistanat. Car les DOM sont
gérées comme des quasi-colonies en témoignent les renforts de sécurité envoyés par le gouvernement. Si les fonctionnaires de la République disposent d'une prime à la vie chère, pourquoi ceux qui
touchent le SMIC n'en bénéficieraient pas? N'est-ce pas un aveu implicite de l'Etat pour dire que la vie est différente là-bas?
Cette lutte est pour moi autrement plus profonde qu'une simple contestation salariale. C'est un vent de décolonisation qui souffle. Comme je l'ai écrit dans un récent communiqué (voir ici): si la Bretagne a besoin d'un statut d'autonomie, les Antilles plus encore! Ce n'est qu'ainsi que
les Martiniquais, Guadeloupéens ou Guyanais pourront choisir. Ce n'est qu'ainsi qu'ils auront un réel levier d'action sur leur vie et qu'ils éviteront de passer d'une
domination ethnique à une domination économique et culturelle!