Dans le cas de ce livre*, le silence en question, c'est peut-être celui qui entoure la vie personnelle, intime, affective, secrète, des milliers ou millions de gens que, partout dans le monde , on appelle des terroristes. Ce silence travaillait dans mon esprit... L'engagement pour un écrivain, c'est sans doute être attentif à ces silences... Ces silences qui existent dans l'imagination des hommes, dans ce qui a déja été écrit, ces silences qui font appel. On a tendance à croire que les arts, la peinture, la littérature sont là, universels. Mais ils ne couvrent qu'une partie de l'expérience humaine. En voyant les tableaux de Goya dans lesquels il dépeint la guerre, on réalise qu'avant lui la guerre n'avait jamais été montrée de cette façon. De la même façon, l'expérience des Noirs aux Etats-Unis, de l'arrachement à l'Afrique et de l'esclavage, n'a intégré que très récemment le champ de la littérature, avec des auteurs féminins surtout, tels que Toni Morrison... * " De A à X " Ed. de l'Olivier" Un livre, pour moi, ne commence ni avec une idée ni avec un personnage. Mais avec la conscience qu'un silence demande à être rempli.
John Berger : entretien dans Télérama n°3082 du 4 février
http://www.peripheries.net/article194.html
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