Un deuxième article vient d’être publié à la suite de l’ITW accordée par Daniel RIOT à un journal de l’île Maurice dans le prolongement d’un ses papiers écrits pour RELATIO sur la lutte (toujours à intensifier) contre les circuits internationaux de blanchiment de l’argent sale. Dans « L'Express » de Port Louis (la capitale de Maurice), Akilesh Roopun a publié un article consacré à une ITW du directeur d’IFS, M. Couldip Lala, article qui a été diffusé dans toute l’Afrique (anglophone et francophone) par AllAfrica Global Media (allAfrica.com). Nous le reproduisons ici, comme nous avons repris l’article précédent, par courtoisie et par souci d’information. Daniel RIOT réagira comme il convient (sur RELATIO, bien sûr) après analyse plus complète, revue de presse plus détaillée et contacts avec des informateurs…mauriciens. A suivre donc, sans esprit de vaines polémiques.
« On ne peut accuser Maurice d'être un paradis fiscal »
Un entretien avec Couldip Lala, directeur d'IFS.
Le journaliste-essayiste français Daniel Riot accuse l'offshore mauricien de participer au mouvement mondial de blanchiment d'argent à l'échelle internationale. Partagez-vous cet avis ?
Le journaliste confond entre les sociétés offshore détenant une global business certificate (GBC) 1 et celles qui appartiennent à la catégorie GBC 2. Les compagnies du GBC1 sont bien réglementées et il est difficile de faire des allégations d'actes douteux à leur encontre. Les règles sur les compagnies du GBC2 sont moins rigoureuses. Auparavant, elles étaient connues comme des compagnies internationales (international companies). Il y a eu certes une évolution en termes de régime de régulation entre le concept de l'international company et les GBC 2. Toujours est-il que celles-ci sont toujours à la traîne par rapport aux GBC 1. J'ai toujours été en faveur de l'idée que Maurice devrait se débarrasser de la catégorie GBC 2 dans sa forme actuelle. La réglementation doit être une priorité dans le global business. Les fournisseurs de services ont aussi un rôle à jouer à ce niveau. Beaucoup de management companies comptent sur les GBC 2 pour générer du business. Il y a un choix à faire, il y va de la réputation de la juridiction. La présence des GBC 2 dans l'offshore envoie des signaux mixtes à la communauté internationale. Les gens confondent souvent entre ces deux catégories de compagnies offshore.
Peut-on garder les GBC 2 et maintenir l'image de sérieux de la juridiction ?
Il ne faut pas généraliser la mauvaise perception autour des GBC 2. Il y a effectivement beaucoup de transactions tout à fait honnêtes qui se font à travers ces sociétés. Il faudrait une meilleure réglementation des GBC 2. Cela éviterait des réactions négatives de la part des étrangers.
Quelle est la différence entre une société qui détient une licence de GBC 1 et celle qui a un GBC 2 ?
Une compagnie de GBC 1 est tenue, selon la loi, de respecter plusieurs conditions d'opération. Elle doit avoir un compte bancaire à Maurice. Les règles exigent aussi des directeurs résidents et que tous les documents soient enregistrés à Maurice. Dans le cas des GBC 2, ces conditions ne sont pas nécessaires, à l'exception d'un agent enregistré. Beaucoup de management companies font le strict minimum. Les comptes ne sont pas audités et soumis aux autorités locales comme c'est le cas pour l'autre catégorie. Tout cela donne l'impression de manque de transparence dans l'offshore. Il est dommage cependant que la juridiction compte plus de GBC 2 que de GBC 1.
Cette impression d'opacité conforte les allégations de paradis fiscal contre Maurice...
Un paradis fiscal est un endroit où il n'y a pas de taxes. Cela peut aussi suggérer qu'il n'y a pas suffisamment de contrôle dans l'offshore mauricien. Or, Maurice est une juridiction à fiscalité légère. Les GBC 1 sont taxables. Les GBC 2 ne le sont pas. C'est peut-être de là que vient la confusion. Les compagnies GBC 2 dans leur forme actuelle où le strict minimum est fait projettent une mauvaise impression de l'offshore. Maurice a une économie diversifiée avec le textile, le tourisme et l'agriculture. Les services financiers représentent 12 % du produit intérieur brut. Le global business compte pour environ un quart de ce chiffre. La contribution des activités offshore est minime comparée à la situation qui prévaut aux British Virginia Islands ou aux Channel Islands, qui comptent principalement sur le global business. Dans ces conditions, l'on ne peut accuser Maurice d'être un paradis fiscal. »