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Michel Garroté - Jeudi 19 février 2009
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Partis de Beyrouth à bord d’une voiture, en cette nuit d’avril 1983, Cedar, du Service de Renseignement (Deuxième Bureau) des Forces Libanaises, et moi-même, nous sommes arrivés dans la matinée à la frontière entre Israël et le Liban, à Rosh Hanikra très exactement. Là, nous avons laissé notre voiture, et nous avons franchis, à pied, un poste israélien de contrôle. Pour être ensuite pris en charge par une autre voiture côté israélien. Le poste israélien de contrôle n’était pas une douane puisque le Liban ne reconnaît pas l’Etat d’Israël.
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C’est du reste la raison pour laquelle l’ambassadeur d’Israël Ovadia Soffer nous avait indiqué qu’à un moment donné, à hauteur de Rosh Hanikra, nous tomberions sur un poste israélien de contrôle, à la frontière. Et Ovadia Soffer nous avais simplement précisé qu’à ce poste de contrôle, il y aurait un certain Alex - du Mossad - pour nous identifier. Des filles scouts israéliennes vérifièrent nos bagages. Je me mis à rire car nous n’étions vraiment pas des terroristes transportant des grenades dans notre trousse de toilette.
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La responsable des scouts, une jeune sabra de 16 ans environ, légèrement froissée par mon rire, me dit, en français : « Nous ne faisons que notre devoir monsieur ». Ce furent pour moi les premiers mots de ma vie sortis de la bouche d’une personne de nationalité israélienne : « Nous ne faisons que notre devoir monsieur ». Cedar me regarda l’air de dire : « Chez nous au Liban c’est la pagaille, mais ici ça à l’air de bien fonctionner ». Alex, du Mossad, assis à quelque mètres de nous, souriait sans broncher. Un certain Yizak nous pris en charge dans sa voiture pour nous rendre à Jérusalem.
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Lors du trajet de nuit de Beyrouth-Est à Rosh Hanikra, nous n’avions entrevu et humé que la ruine, les décombres, les cratères d’obus, cette odeur persistante de poudre à canon et de cadavres. Nous avions mis six heures pour parcourir une distance ridicule, un peu plus de 100 km, six heures à cause des innombrables barrages de miliciens qui contrôlaient les véhicules à Beyrouth, à Tyr, à Saïda et au Sud-Liban. Je ne me souviens même plus des milices tant elles étaient nombreuses : les Forces Libanaises, la milice Amal du chiite Nabih Berri, les Druzes de Walid Joumblatt, l’Armée du Sud-Liban de Haddad, sans compter les clowns de la Force multinationale et les pingouin de la Finul.
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Des hauteurs de Rosh Hanikra, Yizak nous fit descendre dans sa voiture en Galilée. Après les horreurs libanaises, je vis la plaine fertile de Galilée et la Méditerranée sous un magnifique soleil. Ce fut mon tout premier coup d’œil sur la terre d’Israël. Vers midi, nous arrivâmes à Jérusalem où nous avions rendez-vous pour le déjeuner avec Shlomo Bino et Asher Naïm, du ministère des Affaires étrangères, dirigé par Yizak Shamir, sous le mandat du Premier ministre Menahem Begin.
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J’avais par ailleurs contacté (en 1981) le siège international du groupe Nestlé, établi à Vevey, en Suisse, pour un job éventuel. Concrètement, j’avais rendez-vous avec Edgar Fasel, Chef de Presse du PDG de Nestlé International. L’entretien dura 15 minutes et j’aillais dès lors travailler pour Nestlé pendant 15 ans. La controverse sur les substituts du lait maternel commercialisés par Nestlé dans le Tiers-monde, la chute du dictateur philippin Marcos, le terrorisme sanguinaire du Sentier Lumineux maoïste au Pérou, tout cela allait jalonner mon petit parcours chez Nestlé.
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Fin de la 6e partie. La 7e partie paraîtra prochainement.
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© 2009 Michel Garroté http://monde-info.blogspot.com
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