Comme prévu, la montagne a accouché d'un ... souriceau.
Les syndicats ont demandé avant que commence le sommet social, que soit évoqué le sujet de la Guadeloupe sans obtenir satisfaction, puisque le Président considère qu'il s'agit d'une affaire locale. Cette attitude montre bien que le pouvoir cherche par tous les moyens à nier l'évidente jonction entre les mouvements sociaux des DOM TOM et ceux de la métropole.
En ce qui nous concerne, nous saluons la mémoire de Jacques Bino le syndicaliste de la CGT Guadeloupe tué par balle à proximité d'un barrage à Pointe-à-Pitre, dans la nuit de mardi à mercredi et exigeons que les pouvoirs publics incluent Elie Domota Le leader du LKP dans les négociations à venir.
En ce qui concerne les annonces savamment concoctées par le chef de Brice Hortefeux : Raymond Soubie, on reste un peu pour ne pas dire beaucoup sur sa faim. En effet, il ne s'agit que de mesures ponctuelles comme l'a confirmé Monsieur Soubie ce matin sur Europe1. La réponse du Président à la plus grave crise économique et sociale est donc un "one shot"
Dans le détail, quelles sont les mesures "emblématiques" du Président ?
Source site du Premier Ministre
En direction les salariés précaires en contrat à durée déterminée ou d’intérim, et les jeunes. S’agissant de l’indemnisation du chômage partiel, Nicolas Sarkozy propose de "la porter, par exemple, jusqu’à 75 % du salaire brut" en procédant "par voie de conventions ad hoc entre l’Etat et les branches ou des entreprises données, comme pour l’automobile".
"Nous pourrons également mobiliser la formation professionnelle pour prévenir l’activité partielle ou l’accompagner", a-t-il suggéré, en se déclarant favorable à ce que les salariés en activité partielle puissent "bénéficier d’une modulation de leurs échéances pour le remboursement de leurs emprunts immobiliers".
Il reste à savoir si un ordre formel sera donné aux banques ou si on se contentera une fois plus d'incitations verbales.
Figure aussi parmi les propositions "une prime exceptionnelle de 400 à 500 euros" pour tous les chômeurs "pouvant justifier entre 2 et 4 mois de travail", dont le financement serait assuré par l’Etat. Les premiers concernés par cette mesure sont les jeunes pour lesquels des efforts ciblés de formation sont à réaliser.
Rappelons que cette prime ne sera accordée qu'une fois !!!
Un fonds d’investissement social pourrait être créé "afin de coordonner les efforts en matière d’emploi et de consolider différentes sources de financement". Ce fonds "pourrait atteindre entre 2,5 et 3 Mds €" et serait abondé pour moitié par l’Etat, a précisé le président de la République.
Cette idée émane directement de la CFDT qu'il faut peigner dans le sens du poil pour la faire revenir à ses bons sentiments "réformistes" A noter la fourchette et surtout l'emploi du conditionnel "pourrait être créé " qui en fin de compte n'est qu'une indication d'intention. On attend la réponse sur le financement des 50% restants qui seraient si on comprend bien à la charge des employeurs, dont le MEDEF, qui refuse absolument toute participation.
La protection des plus modestes au sein de la classe moyenne. "La première piste de travail consiste en la suppression d’un partie de l’impôt sur le revenu pour les personnes assujetties à la première tranche d’imposition". La seconde piste concerne les familles, pour qui le chef de l’Etat réfléchit à la possibilité de verser aux bénéficiaires de l’allocation de rentrée scolaire, une prime de 150 euros.
C'est un geste. Ce qui est pris n'est plus à prendre. Cependant, les sommes qui représenteront environ 300 € d'un côté et 150 de l'autre sont sans commune mesure avec l'augmentation des prix et les bas salaires.
Une aide sous la forme de "bons d’achat de service à la personne (aide à domicile, garde d’enfant, soutien scolaire, ménage)" pourrait bénéficier aux ménages touchant l’allocation personnalisée d’autonomie à domicile, à ceux percevant le complément de mode de garde, aux familles qui ont un enfant handicapé ou aux demandeurs d’emploi qui retrouvent du travail.
On reste dubitatif sur cette mesure et sur la capacité des services à la personne à devenir un réservoir d'emploi. Depuis leur lancement en fanfare par Jean Louis Borloo, ces services ne fournissent que des emploi de grande précarité. De plus, proposer à un ex chômeur de fournir quelques heures de travail à plus précaire que lui est assez cynique.
Le partage de la valeur ajoutée et du profit. Sur ce sujet, le chef de l’Etat souhaite confier une mission d’analyse et de concertation à Jean-Philippe Cotis et propose que les dirigeants de sociétés renoncent à leurs bonus "lorsque leurs entreprises recourent massivement à du chômage partiel ou décident un licenciement économique d’ampleur".
Clemenceau lorsqu'il déclarait : "lorsque je veux enterrer un problème je créé une commission" aurait du déposer cette phrase. Ses descendants seraient richissimes. Le MEDEF oppose une fin de non recevoir à toute mesure de redistribution de la valeur ajoutée. Compte tenu que le Président ne peut rien imposer et qu'il ne légiférera pas sur le sujet, Monsieur Cotis aura toujours le plaisir d'être rémunéré pour réfléchir.
Quant aux syndicats de salariés, leurs réactions sont reproduites par le journal Le Monde. Nous vous les donnons en intégralité ci-dessous
Selon François Chérèque (CFDT), "l'action syndicale a permis une première inflexion dans la politique gouvernementale". "Les quelques mesures annoncées aujourd'hui, en particulier pour les familles modestes, vont dans ce sens. Mais face à la situation des salariés, les mesures sont insuffisantes." "Comme l'action syndicale commence à payer, la CFDT estime qu'il faut continuer à mettre la pression sur le gouvernement et le patronat" pour "aller jusqu'à un vrai changement de cap", a-t-il ajouté.
Son homologue de la CGT, Bernard Thibault, a qualifié les décisions présidentielles de "série de mesures d'accompagnement social à la crise". Rappelant que le coût des mesures avoisine 2,6 milliards d'euros, il s'est dit "bien obligé de ramener ce chiffre à la somme de 8 milliards d'euros" au bénéfice des entreprises avec la suppression annoncée de la taxe professionnelle.
Jean-Claude Mailly (FO) a relevé "quelques éléments qui bougent un peu", sur le chômage partiel – même si "c'est encore insuffisant" –, la formation et les allègement fiscaux. "Mais c'est beaucoup trop court" et "nous avons essuyé une fin de non-recevoir sur le smic et les négociations salariales de branches", a encore affirmé M. Mailly, critiquant le "refus d'un moratoire sur les trente mille emplois publics" dont la suppression est programmée cette année".
Jacques Voisin (CFTC) a lui aussi jugé que si "les lignes ont un peu bougé", "le compte n'y est pas", notamment sur les salaires. "Il y a certes eu un effort sur les familles modestes mais c'est bien insuffisant."
Bernard Van Crayenest (CFE-CGC) s'est montré moins critique. "Il y a eu quelques avancées sur le dialogue social, un consensus sur l'emploi mais il y a encore beaucoup à faire pour améliorer l'indemnisation du chômage partiel", a-t-il dit.
Le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, s'est félicité que l'exécutif ait "fait attention à ne pas pénaliser les entreprises davantage, y compris les TPE et PME".
Par contre, nous n'avons trouvé aucune réaction ou communiqué ce matin sur le site Web du MEDEF.
Lors de son intervention hier soir à la télévision, le Président dans son préambule a indiqué que le SMIC ne serait pas augmenté et que l'Etat continuerait son travail de démantèlement des services publics en poursuivant l'allègement des effectifs, justifiant amplement le nouveau rendez-vous du 19 mars et une vigilance accrue de tous les salariés sur les réformes qui pourraient diminuer encore un peu plus leurs prérogatives.
On se demande encore si le souriceau d'hier soir ... a vraiment existé
Crédit et copyright photo
Le Point
Crédit montage
SB Le Sniper