Un coup de godille plus loin,le président de la république a sans le dire alloué une enveloppe de 2,6 milliards d’euros à la relance de la consommation notamment des ménages modestes. Un coup d’épée dans l’eau. Bernard Thibault a assez bien résumé le sentiment dominant “Avant, le patronat menait 8 milliards à zéro, aujourd’hui on est à huit milliards contre 2,6″.
Pour le secrétaire général de la CGT “la balance n’est pas à notre avantage “. L’Etat n’entend consacrer que 2,6 milliards à des mesures sociales quand la seule suppression pour les entreprises de la taxe professionnelle coûtera 8 milliards. Outre une déception générale des leaders syndicaux, la journée d’hier a été marquée par une tension importante avec le patronat. François Chérèque (CFDT), dénonce le refus du patronat de débattre du partage des richesses - ce qui « montre son incapacité à comprendre le sens de la crise » - et la volonté gouvernementale de ne pas revenir sur le bouclier fiscal et la défiscalisation des heures supplémentaires pour financer des mesures.
Le chef de l’État se cloître dans un rôle de composition qui ne convainc que ses fidèles, celui du capitaine courage qui malgré les éléments déchaînés tient le cap. Le soir même du mini sommet social, il a estimé que ses propositions constituent le “seul chemin qui vaille : celui de l’effort, de la justice, du refus de la facilité”.
“Justice” c’est justement ce que réclame une majorité de français lassée par les efforts. En Guadeloupe ou en métropole, la demande est la même : un partage plus équitable et acceptable des richesses. En s’affichant en début de mandat comme le président bling-bling, l’ami des riches et des puissants, en chef d’Etat bavard, Nicolas Sarkozy a scié la branche sur laquelle il était assis. Au moment où sa parole devrait être audible, elle ne porte plus, au moment où il devrait être au-dessus de la mêlée, il apparaît noyé dans les forces partisanes.
La France aspirait à un président visionnaire, elle se découvre un gestionnaire à la petite semaine, réformant pour réformer. Un gribouilleur, pas un impressionniste dont la cohérence de la toile se découvre avec un peu de recul.
Nicolas Sarkozy touche aux limites de la communication, aux belles affirmations, aux phrases bien faites. Il faut “arbitrer entre le souhait légitime des actionnaires de gagner de l’argent avec les entreprises et la demande des salariés d’être associés aux bénéfices des entreprises dont ils ont contribué à créer la richesse”, a-t-il encore expliqué. Oui mais dans le même temps, le gouvernement écarte toute idée d’augmentation du Smic qui relève selon lui des négociations directes entre patronat et syndicats. Une pirouette qui permet d’oublier la question sensible de l’exemplarité de la puissance publique incapable de revaloriser le traitement des fonctionnaires. Quant à la répartition des dividendes entre salariés et actionnaires, Laurence Parisot a prévenu le chef de l’Etat : bas les pattes !
Faute d’une opposition structurée et crédible, une nouvelle épreuve de force avec la rue semble incontournable. Rendez-vous est d’ores et déjà fixé le 29 mars. Et Nicolas Sarkozy part avec un handicap. Plusieurs sondages confirment un très faible niveau de confiance des Français dans la capacité du Président à rétablir la situation en 2009. En quelque sorte un contrat de défiance. Les Français aspiraient à renouer avec le rêve. Pour l’instant, ils ont essentiellement des regrets.