Amazonie péruvienne
À quelques kilomètres de Leticia, le long d'un petit affluent du fleuve Amazone, se trouve la petite communauté Gamboa. Leticia étant déjà un trou, imaginez ici. Une dizaine de maisons le long du cours d'eau, des poules, deux chiens moumounes et un singe attaché à un poteau. Ça fait le tour de ce qu'il y a à voir ici.
Cela reste cependant très intéressant de vivre au rythme du soleil, dans la simplicité, sans électricité, dans un milieu si riche qu'il ne suffit que de se cueillir un fruit ou pêcher quelques minutes pour combler sa faim.
Notre guide, Joel, nous explique que les communautés locales ne cultivent pas beaucoup, car ils se contentent de peu. Ici, les gens cuisinent les aliments sans artifice et mangent simplement. Ils ne prennent pas de café le matin, n'utilisent ni le sel, ni le sucre et n'ont certainement pas dix sortes de vinaigrettes qui pourrissent dans le réfrigérateur.
Ils n'ont même pas de réfrigérateur!
La forêt leur fournit la majeure partie de leur alimentation. Au sol, on peut notamment trouver de la coriandre sauvage, de l'ail en feuille, de la citronnelle et des oignons. Des arbres fruitiers peuplent la forêt dense tandis que les cours d'eau regorgent de poissons.
Dit comme ça, effectivement, ça semble magique. Vous penseriez autrement si je vous disais qu'il mange des poissons-chats noirs, hideux, sans même avoir vidé l'intérieur. De l'eau à la braise, directe! Miam. Par contre, lorsqu'ils tuent une poule et la laissent cuire une demi-douzaine d'heures sur la braise, la magie reprend vie! Croyez-moi, car je commence à m'y connaître en poulet braisé.
La maison où nous logeons est sur pilotis, car le niveau du fleuve varie énormément selon les saisons. Le toit est en feuilles de palmier (ou similaire) tissées, le plancher est plein de craques et la cuisine se résume à un feu de bois dans un bac de sable et une grille d'acier au-dessus.
À première vue, la maison est propre. C'est en observant à temps perdu qu'on se rend compte qu'il y a beaucoup de vie, et je ne parle pas des enfants. Sur les travers du toit, quelques grosses araignées surveillent les moustiques pendant que les coquerelles jouent à cache-cache avec les lézards.
Le guide nous fait visiter les petites communautés aux alentours. L'une d'entre elles avait même un trottoir et l'électricité. On prend un verre d'aguardiente à la tienda du coin, c'est médicinal à ce qui paraît. Un des villageois a comme animal de compagnie un ocelot qui s'amuse à aller manger les poules du voisin. C'est du bon voisinage.
On prend également la lancha pour explorer plus à l'amont du petit cours d'eau qui borde la communauté. Remonter le ruisseau est difficile car, en plus des nombreuses pannes de moteurs, on doit franchir des hauts fonds et surtout, des embouteillages de plantes aquatiques. C'est à coup de machettes, poussant l'embarcation avec une longue branche et la seule rame à bord, que nous réussissons à aller toujours un peu plus creux, en quête de caïmans et d'anacondas.
Malheureusement, à ma grande déception, ils devaient être eux aussi en vacance pour le temps des fêtes, parce que nous n'avons rien vu. Seulement des centaines d'oiseaux magnifiques peuplaient le paysage.
Même si nous n'avons pas vu d'animaux sauvages à grandes dents, notre expérience dans la jungle aura tout de même été enrichissante de beaux paysages et de connaissance sur cette forêt qui nous était étrangère.
J'y retournerai, plus longtemps et plus profondément. C'est certain. L'Amazonie est un paradis pour les gens à la recherche de troubles et d'aventures.
Cependant, pour l'instant, nous retournons à Leticia pour nous préparer pour la prochaine étape de notre périple amazonien. Restez à l'écoute, ça sent la longue croisière luxueuse !
-Will